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15 décembre 2017 à Sciences Po : « La participation vue par les associations et les personnes accompagnées »

Vendredi 15 décembre 2017, Sciences Po Paris organisait une journée d’études « Précarité, Participation, Politique ». Une table-ronde était animée par la chercheuse Nona Meyer sur « La participation vue et vécue par les associations et les personnes accompagnées », avec des représentant.e.s d’Aurore, des Petits Frères des Pauvres et d’ATD Quart Monde : Maria Théron, militante d’ATD Quart Monde et Xavier Verzat, volontaire permanent.

Maria avait préparé son intervention avec deux autres militantes, Colette Théron et Emilie Ifkirne. Voici les principaux points qu’elles ont voulu évoquer.

« Avant, on ne nous demandait jamais notre avis, on a eu une vie de galère, mais on a eu la chance de connaître ATD Quart Monde et avec ATD Quart Monde, on sait que même si on n’a pas fait d’étude, on a une intelligence et notre parole a une valeur. Des gens demandent à la connaître pour transformer les situations de pauvreté et d’exclusion.
Nous sommes là pour casser la misère. La participation est un engagement. À un moment, on décide de prendre telle responsabilité ; on ne va pas venir seulement 2 ou 3 fois à ATD Quart Monde. On est sûr de vouloir vraiment changer les choses. On ne participes pas pour défendre seulement sa cause, mais aussi celle des autres. On ne veut pas que notre avis reste dans un tiroir, on veut changer les lois.

Et pour cette participation, il y a des conditions :
– que cela ne nous mette pas en danger, que l’on ne dise pas notre vie privée
– qu’il y ait assez de temps pour préparer avant
– que l’on ne soit pas seul, qu’on s’épaule en s’appuyant sur un groupe de soutien
– que l’on comprenne à quoi on participe, ce que cela va changer
– être sûr que l’on va apporter quelque chose
– être dans le projet de bout en bout, jusque dans la rédaction des compte-rendus
– qu’on n’envoie pas toujours les mêmes personnes, parce qu’ils ont la parole facile, pour donner la chance aux autres
– que la personne participe de son plein gré, que cela ne lui soit pas imposé
– qu’il y ait un animateur qui ait le souci que chacun ait bien compris, qui sait où il faut nous pousser ou nous stopper
– faire partie d’une association ça permet de réfléchir avant, de savoir pourquoi on y va, qui sera là.

Les Universités populaires Quart Monde nous permettent de relever la tête, car on nous donne le droit à la parole. On travaille dans des petits groupes de préparation. On voit que notre expérience rejoint certaines expériences d’autres. Et de là on se rejoint et notre parole devient une parole collective.
C’est tout un parcours : de connaître l’association, d’apprendre à parler dans un micro, de connaître les gens, de participer à l’Université populaire. Il faut se former, on ne peut pas aller comme ça au Conseil National de Lutte contre l’Exclusion, par exemple. Et il faut avoir un groupe de soutien.

Cela s’oppose à des lieux ou c’est une participations alibi, où on ne nous donne pas la parole quand on lève la main et où les décisions restent dans un tiroir. On fait participer les gens juste pour se donner bonne conscience, mais on ne t’écoute pas, car on sait déjà, ils savent mieux que nous. Et ça ne débouche pas sur un but réel, un changement réel.

C’est important d’aller chercher toujours d’autres personnes et de leur donner leur chance. Même si c’est difficile.
Au début de la co-formation que j’ai faite à Nancy la semaine dernière, il y avait avec nous un jeune qui parlait fort, il criait. Il avait vécu beaucoup de difficultés avec son tuteur par rapport à l’argent. Il disait tout le temps « je vais dire des conneries ». Je lui ai répondu : « J’ai envie de les entendre tes conneries ». Si nous on commence aussi à juger, à mettre dans des cases, qui va laisser la chance à ces personnes d’apporter leur expérience ?

Au CNLE on travaille avec des gens qu’on ne connaît pas. C’est important de ne pas rester qu’entre nous. C’est un autre horizon avec d’autres, on se rend compte qu’il est possible de travailler avec eux.

Ça permet quand on rencontre les profs de leur parler de leur difficultés, de leur travail. On est moins agressif. On essaye d’être plus calme et plus posé, de poser les bonnes questions. »