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Alison Tate : travail décent et lutte contre la pauvreté

Quelles politiques après 2015 ?… En septembre 2013 à New York, les Nations Unies évalueront les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) lancés en 2000 et qui veulent réduire de moitié le nombre de personnes vivant dans l’extrême pauvreté d’ici à fin 2015. Leur Secrétaire général, Ban-Ki-moon, a déjà déclaré que ces OMD, malgré des progrès notables, n’avaient pas profité aux personnes les plus vulnérables. Comment celles-ci participent-elles à leur évaluation ? Quelles politiques entreprendre après 2015 pour s’attaquer à la misère ? Tiendront-elles réellement compte des personnes les plus affectées par la pauvreté ?

Avec le soutien de la Fondation Charles Léopold Mayer, le Mouvement international ATD Quart Monde a lancé en 2011 un travail de recherche participative afin d’évaluer les OMD et de faire des propositions. Différents séminaires de travail ont déjà eu lieu à l’Île Maurice, en Bolivie, en Belgique, en France, à Madagascar et au Burkina-Faso (Voir www.atd-quartmonde.org/Les-Objectifs-du-developpement.html)

Alison Tate, directrice des relations extérieures de la Confédération Syndicale Internationale (CSI) qui compte 175 millions d’adhérents à travers le monde, a participé en janvier 2013 à un séminaire d’ATD Quart-Monde sur les OMD à Pierrelaye (Val d’Oise).

Pourquoi la CSI s’est-elle associée aux travaux d’ATD Quart Monde sur les OMD ?

Nos deux organisations ont une longue histoire de participation à des campagnes communes, particulièrement ces dernières années et dans le contexte de l’évaluation des OMD. La CSI est préoccupée par le fait que ceux-ci ont été mis en place par les Nations Unies sans prendre en compte la voix des personnes les plus concernées. Nous pensons nécessaire que les plus pauvres prennent part aux décisions de politiques publiques. Nous apprécions la méthode de travail mise en oeuvre par ATD Quart Monde pour évaluer les OMD et construire des propositions sur les suites à donner après 2015. Nous avons, nous aussi, lancé des processus d’évaluation des OMD dans beaucoup de pays. Et nous encourageons les travailleurs à se rendre dans les consultations que les gouvernements se sont engagés à faire.

Agir pour l’emploi et agir contre la pauvreté, est-ce la même chose ?

À l’origine, les OMD ont été élaborés par les Nations Unies sans aucune référence à l’emploi. Pour nous, c’est inimaginable : l’un des principaux enjeux n’était pas pris en compte ! L’objectif d’« assurer le plein-emploi et la possibilité pour chacun, y compris les femmes et les jeunes, de trouver un travail décent et productif » a ensuite été ajouté comme sous-objectif de l’objectif n°1 : « Éliminer l’extrême pauvreté et la faim », en expliquant que c’est essentiellement le travail qui permettra d’échapper à la pauvreté. La conséquence est que les OMD mettent en avant la question de l’emploi dans la lutte contre la pauvreté, alors qu’il y a d’autres dimensions tout aussi importantes… C’est pour bien comprendre comment agir sur ces différentes dimensions que nous participons à cette évaluation avec ATD Quart Monde, à partir de nos identités respectives liées au travail ou au manque de travail, à l’expérience de la pauvreté ou à d’autres expériences de vie. Pour que nos vies changent, nous devons arriver à une compréhension commune basée sur les droits de tous.

Qu’attendez-vous de l’« après 2015 » ?

La façon dont le travail de réflexion sur l’« après 2015 » est mené n’est pas claire. Je pense que l’objectif du travail décent devrait être un objectif spécifique, avec des responsabilités spécifiques, des indicateurs, des objectifs nationaux d’emplois. Mais pas des objectifs chiffrés. C’est la qualité qui est l’objectif. Cela impliquera que les gouvernements et les investisseurs mettent en oeuvre des politiques de création d’emplois de qualité.

Myriam Morzelle

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