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Démolition-reconstruction au plateau Rouher à Creil (Oise) : penser la rénovation avec les habitants

Dans ce quartier de 4000 logements construits il y a plus de 40 ans, le plan de rénovation urbaine signé en 2007 prévoit de démolir 460 logements locatifs et d’en reconstruire 70 locatifs et environ 400 en accession à la propriété.

L’objectif est de « favoriser la mixité sociale. » Gilbert Pierrot et Ammar Khoula habitent le quartier depuis longtemps. « Cette rénovation est nécessaire, disent-ils. Elle va désenclaver le quartier. Mais elle dure trop longtemps. Les gens ont commencé à en entendre parler en 2000-2001. Beaucoup sont désabusés. » Pour Ammar, « on agit sur la forme mais pas sur le fond. Il y a 40% de chômage à Rouher et on ne prévoit pas les moyens qu’il faudrait pour permettre aux jeunes de travailler. Ce dont on souffre le plus, ce ne sont pas les incivilités des plus jeunes, qui existent ici comme ailleurs. C’est le manque d’emplois, la discrimination à l’embauche et la mauvaise réputation du quartier. Lorsque l’on cherche du travail, la porte se ferme quand on dit que l’on habite à Rouher. Je connais beaucoup de jeunes qui ont énormément de volonté. Ils ont fait des études, mais leur vie se construit sans emploi. » Pour Ammar et Gilbert, « la rénovation donnera une belle image du quartier, mais, au fond, il y aura toujours de la misère. Des familles continueront de ravaler leur dignité pour aller demander de l’aide aux services sociaux quand elles n’y arrivent plus. »

Pascal Gosselin, directeur du centre social Georges Brassens, le confirme : « L’investissement des pouvoirs publics à Rouher, déclarée zone urbaine sensible en 1996, a permis d’y développer des services et des commerces qui ont forgé une vraie vie de quartier (1). La preuve : dans le cadre de la rénovation, des familles ont été relogées ailleurs qu’à Rouher et elles reviennent souvent voir leurs amis ici. Mais, depuis plusieurs années, les financements publics se réduisent. Des activités créatrices de liens disparaissent, comme notre centre de loisirs que nous avons fermé en 2007. »

Pour lui, il est clair que le projet de rénovation ne s’appuie pas suffisamment sur l’ensemble des habitants. Pourtant, la mixité sociale ne se décrète pas, elle se construit avec tous. Les habitants des quartiers en sont des experts tout autant que ceux qui pensent les programmes de rénovation urbaine.

JCS