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Dans le quartier Manchester à Charleville-Mézières : l’art et la rencontre pour faire face au quotidien

Manchestarst-CharlevilleLe 19 mai, la manifestation artistique Manchest’art a été un temps fort de rencontre et de création dans un quartier où 250 logements vont être détruits. Carole Charles, coordinatrice jeunesse au centre social de Manchester, s’affaire entre ses collègues, les habitants bénévoles, les artistes et les membres d’associations locales qui mettent une dernière touche aux préparatifs. Car il est bientôt 18h ce samedi 19 mai 2012 et le musée éphémère Manchest’art va ouvrir ses portes sur la place de Manchester. « L’objectif principal n’est pas de présenter une exposition artistique dans un lieu inhabituel, explique Carole. C’est d’abord de permettre une rencontre entre les habitants, ceux d’ici, ceux d’autres quartiers, et de vivre un temps de fête avec des artistes. Les jeunes ont porté le projet au départ en participant à des ateliers artistiques au centre social. Lorsque nous avons proposé de visiter le musée Pompidou à Metz, le bus a tout de suite été rempli et ce sont eux qui nous ont guidés dans le musée ! »

Nuit des musées

Organisé pour la seconde année consécutive par le centre social du quartier de Manchester avec le soutien de la Caisse Nationale d’Allocations Familiales et du Contrat Urbain de Cohésion Sociale, Manchest’art est inscrit au programme de la Nuit Européenne des musées. Un partenariat a débuté en 2012 avec le musée de l’Ardenne situé Place Ducale, en plein cœur de Charleville-Mézières, où des familles de Manchester ont fabriqué pour l’occasion des perles mérovingiennes (1) et une fresque gallo-romaine (2). Le succès de Manchest’art et des ateliers qui entourent cette manifestation fait éclater au grand jour que, ici comme ailleurs, les habitants ont une sensibilité et des connaissances artistiques qui ne demandent qu’à se rencontrer et à s’exprimer.

Remorques et méduses

Cette année, quatre remorques de camions décorées de bâches peintes par les habitants abritent les oeuvres de dix artistes, dont certains animeront jusqu’en fin de soirée des ateliers pour enfants et adultes, le tout dans une ambiance légère et musicale agrémentée de crêpes au maroilles (Fromage du Nord de la France) et aux champignons. Les visiteurs sont aussi invités à contribuer à une création collective : un grand essaim de méduses de laine conçues depuis novembre par plusieurs dizaines d’enfants, de jeunes et d’adultes.

Faire face au quotidien

Manchestart-Charleville1Manchest’art, c’est aussi cela : vivre un temps fort ensemble pour faire face au quotidien. « Les gens disent : « On laisse nos problèmes à l’entrée » », explique Carole. « Les problèmes, il y en a ici comme dans d’autres quartiers », reconnaît Liliane Maillet, qui habite Manchester depuis 15 ans. Elle est membre de l’Université populaire qu’ATD Quart Monde anime en Champagne-Ardenne et préside l’Union des Habitants de Manchester (UHM) créée en 2003 afin d’« organiser la défense des intérêts des locataires sur toutes les questions concernant le problème de l’habitat, de l’urbanisme, de l’école et de la consommation. » L’UHM dispose depuis trois ans d’un local prêté par la mairie.

 

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Au taux de chômage élevé vient s’ajouter une autre préoccupation : le projet de démolition-reconstruction des bâtiments les plus vétustes décidé en 2004-2005 s’éternise. La construction des nouveaux logements doit enfin commencer en 2013 et s’achever officiellement en 2015, mais tout le monde n’y croit pas (voir l’article « Rénovation à Manchester : ça avance mais doucement » de Nathalie Diot dans L’union L’Ardennais).

Un premier chantier de 16 logements individuels a déjà stoppé net quand une des entreprises a fait faillite en 2011. Les partenaires et financeurs sont multiples (Ville, département, État, Europe…). Il est difficile d’identifier les causes des retards et de savoir précisément quand et combien de logements seront reconstruits, et quels seront les nouveaux loyers. Une chose est sûre : ce sont les locataires qui en subissent les conséquences. Nombre d’entre eux ont quitté le quartier ces dernières années, soit relogés ailleurs par leur bailleur, soit partis bon gré mal gré. Par des réunions, par une lettre d’information et par le bouche-à-oreilles, l’UHM consacre beaucoup d’énergie à informer chacun des avancées du projet et à s’assurer que ceux qui le désirent pourront être relogés dans des conditions satisfaisantes. Dans le plus grand immeuble qui doit être détruit, celui de la rue Barillon qui date des années 1960 et où Liliane Maillet habite depuis 15 ans, il ne reste plus que 17 appartements occupés sur la centaine que compte le bâtiment. Le bailleur assure encore l’entretien des locaux mais n’est plus tenu d’effectuer des travaux d’amélioration. « Les locataires qui restent ont peur, raconte Liliane. Depuis que l’immeuble s’est vidé, les bruits résonnent beaucoup plus. Il n’y a plus de vie dans les couloirs et les cages d’escalier. » En deux ans, elle a dû déménager trois fois au fur et à mesure que l’on regroupait les locataires dans les étages du bas.

Texte et photos Jean-Christophe Sarrot

En route vers le 17 octobre 2012

À la suite du travail de fond engagé par ATD Quart Monde sur « la misère est violence – rompre le silence – chercher la paix » (voir Feuille de route n°414, février 2012), les Nations Unies ont choisi pour thème de la prochaine Journée mondiale du refus de la misère « Ending the violence of Extreme Poverty: Promoting empowerment and building peace » (traduction non officielle : « Mettre fin à la violence de la misère : s’appuyer sur les capacités de tous pour bâtir la paix »). Cela rejoint le thème proposé par l’Europe pour 2013, autour de la mobilisation de tous les citoyens pour le vivre ensemble.

Le 17 octobre 2012 donnera particulièrement la parole aux citoyens qui agissent pour la dignité et les droits de tous, y compris au sein des quartiers concernés par des projets de démolition-reconstruction (voir aussi le rapport d’étudiants de l’École Polytechnique sur les opérations de démolition et de reconstruction des cités HLM en France)

Si vous souhaitez que votre mairie reçoive une sollicitation d’ATD Quart Monde afin de marquer la journée et de l’afficher dans la commune, merci d’écrire au secrétariat « Vie locale citoyenne », aux bons soins de la Délégation nationale, ATD Quart Monde, 33 rue Bergère, 75009 Paris, ou delegation.nationale@atd-quartmonde.org. |