
Le réseau de l’accès aux soins pour tous
Brigitte Casucci travaille au Grand Sauvoy, un CHRS (Centre d’hébergement et de réinsertion sociale) de Nancy. Autour du CHRS, grâce à Brigitte et Christine Fringant, un réseau de professionnels s’est constitué pour faciliter l’accès aux droits fondamentaux.
Comment est né ce réseau ?
Il y a de plus en plus de papiers à fournir pour prétendre à la moindre petite aide. Ces démarches sont très compliquées pour ceux qui n’ont plus rien. Nous
avons d’abord créé des liens avec des techniciens de la sécurité sociale et de la Caisse d’allocation familiale, en allant les voir avec les dossiers sous le bras il y a 25 ans. Au début, un médecin et un pharmacien nous ont aussi rejoints, puis un dentiste, un cabinet de radio, un laboratoire, une mutuelle…
Puis, au travers du « Réseau Santé Précarités » de la ville de Nancy et lors du travail sur « la relation soignant/soigné » avec Atd Quart Monde, j’ai été amenée à me rapprocher des praticiens et des institutionnels. Nous avons formalisé un partenariat avec le soutien de notre direction.
Nous travaillons aussi avec les gestionnaires de la commission de désendettement de la Banque de France, le Pôle emploi et les impôts.
Concrètement, quelle aide apporte ce réseau ?
Une demande de CMU prend en général deux mois. De plus en plus de jeunes se présentent, beaucoup de choses peuvent se passer pendant ces deux mois d’attente et la spirale de descente peut être très rapide. Travailler en réseau permet d’accélérer toutes les démarches (accès aux soins, RSA, logement…). Les praticiens de notre réseau acceptent de recevoir la personne sans attendre ces deux mois. Pour cela, le CHRS rédige une « lettre d’anticipation » qui donne accès aux consultations, et la régularisation est faite par nos soins ensuite.
Que pensent les autres professionnels de votre façon de travailler ?
Parfois, quand des jeunes se trompent d’adresse de médecin, on s’aperçoit que la conséquence est heureuse : le praticien découvre la lettre d’anticipation, téléphone au CHRS, et c’est souvent le début d’une nouvelle relation !
Propos recueillis par Marie-Lorraine Vannier