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Histoire d’une coupure de RSA

Daniel est un militant Atd Quart Monde du Nord. Quelquefois, il passe dire bonjour. Il reste en bas, m’appelle et je descends du second où se situe mon bureau.

Jeudi dernier, Daniel est apparu dans l’encadrement de ma porte de bureau, l’air ravagé par un souci. J’ai su tout de suite que c’était grave.

« Ce mois-ci, j’ai rien touché, mon RSA a été coupé. J’ai été à la CAF, on m’a dit que tous les bénéficiaires du RSA sont systématiquement contrôlés à cause de la fraude et qu’un contrôleur a voulu venir chez moi, mais n’a pas trouvé ma maison. »

Daniel habite au fond d’un couloir qui mène à deux maisons : une à gauche, une autre à droite.

Le bailleur social n’a pas fait poser de boîtes à lettres. Le facteur connaît les deux familles et va jusqu’aux portes des maisons. Le contrôleur de la CAF aurait pu faire la même chose : il aurait trouvé sans mal Daniel, très connu dans le quartier.

En attendant, Daniel, sa femme et leur fils de 17 ans sont sans un sou ! Le CCAS leur a accordé 50 € vite engloutis.

Il faut attendre que le contrôleur repasse. Mais quand ? L’histoire ne le dit pas.
Pour avoir rencontré une situation semblable avant l’été, je sais que la CAF suspend le versement du RSA afin de faire réagir l’allocataire. Mais alors, pourquoi ne verse-t’elle pas la moitié du RSA ? L’allocataire réagirait également, mais sans mourir de faim !

Je me demande si ce traitement brutal envers des titulaires du RSA « socle » (montant minimum du Revenu de Solidarité Active versé lorsqu’on ne perçoit pas de ressources provenant d’un emploi ou d’une autre activité) ne constitue pas une discrimination à l’encontre des très pauvres. C’est en tout cas une façon tout au moins désinvolte de les traiter. Le numéro dans la rue est très visible, il suffisait ensuite de chercher un peu.

Mais pourquoi se casser la tête pour un « RSASTE » (oui, j’ai entendu cette horreur !) ?

Huguette Garsmeur, membre d’Atd Quart Monde Nord-Pas de Calais.

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