
Testings et discrimination sociale
Article publié dans le journal Résistances 2013 (sept-oct. 2013)
Les discriminations dont font l’objet des personnes résidant dans des quartiers défavorisés et des porteurs de carte CMU ne sont-elles pas le signe d’une discrimination plus globale, liée à la situation sociale des personnes ?(1)
Les émeutes de 2005 (2) ont suscité l’intérêt des chercheurs qui ont été nombreux à s’intéresser aux effets de territoire. Au travers de testings (3), ils ont cherché à mesurer l’impact du lieu de résidence dans les domaines de l’emploi et du logement. Tous ces testings constatent un écart important dans les chances d’accès aux biens ou aux services selon le lieu de résidence du demandeur (4). Lorsqu’elles sont à la recherche d’un logement locatif, les personnes les plus démunies sont orientées vers les logements éloignés des centres villes. Or, ce sont ces mêmes personnes qui, par la suite, se verront refuser l’accès à l’emploi en raison de leur appartenance à ces quartiers ayant mauvaise réputation.
De telles différences de traitements sont encore remarquées lorsqu’on s’intéresse à la Couverture Maladie Universelle complémentaire (CMU-C). Parmi les multiples discriminations dont ils sont victimes, les bénéficiaires de la CMU-C ont entre 30 et 50% de chances en moins d’obtenir un rendez-vous chez le médecin qu’une personne non-bénéficiaire (5). Ainsi, ce qui devait être une aide à l’accès aux soins peut parfois devenir un obstacle.
Les discriminations dont font l’objet les personnes résidant dans des quartiers défavorisés et les porteurs de carte CMU sont les indicateurs d’une discrimination plus globale. Ces rapprochements ont en effet permis de constater que ce sont toujours les plus démunis qui font l’objet de pareilles exclusions, conduisant à une discrimination pour condition sociale. Celle-ci est au cœur d’un testing mené par ATD Quart Monde en France (6).
Fanny Lesueur-Roch, Joan Schneider, Lucas Bisson et Aurélie Iffrig