
Olivier Lucas : Prendre en main sa santé
Olivier Lucas est médecin anesthésiste, responsable de la consultation douleur au Centre hospitalier du Centre Bretagne à Pontivy (Morbihan). Vous proposez à vos patients de prendre eux-mêmes en charge une partie de leur santé…
Nous commençons par leur proposer d’être davantage à l’écoute de leur corps. On en a beaucoup perdu l’habitude. On veut souvent pousser la machine plus loin qu’elle ne peut aller. On n’écoute pas forcément les messages que notre corps nous envoie, comme un mal de dos ou un mauvais sommeil. Mais le culte de la performance au travail ou la vie dure génère du stress. On sait maintenant qu’un stress trop important détruit la mémoire ou encore est un facteur majeur de lombalgie (le « mal de rein »).
La consultation douleur du Centre hospitalier du Centre Bretagne (Loudéac-Plémet-Pontivy) propose depuis 2000 des soins aux patients confrontés à différents types de douleurs : prescription de médicaments, neurostimulation (léger courant électrique appliqué sur la peau), techniques psychocorporelles comme la relaxation, l’hypnose et la sophrologie… Elle propose aussi des groupes de parole et des groupes de méditation (ph. JC Sarrot).
Mais il n’est pas toujours à notre portée de réduire le stress qui nous entoure…
Nous enseignons des techniques comme la relaxation et la sophrologie pour tenter de gérer soi-même le stress et de limiter la prise de médicaments. Des personnes viennent aussi nous voir régulièrement en consultation d’hypnose pour réduire leur anxiété. Nous les aidons également à trouver les moyens d’avoir un bon sommeil. En 15-20 ans, les Français ont perdu en moyenne une heure de sommeil chaque nuit.
Et vous proposez à vos patients de s’ouvrir aux autres !…
Oui ! Des études montrent que le repli sur soi nuit aussi à la santé, et que plus les gens développent des émotions positives et sont altruistes, meilleure est leur santé. Les médecins sont de plus en plus attentifs à ne pas considérer qu’il y a d’un côté le corps et de l’autre l’esprit, et sont de plus en plus convaincus que ce que l’on fait de positif pour l’un rejaillit sur l’autre.
La santé est aussi liée à l’alimentation et au sport…
Bien sûr, l’alimentation est capitale pour la santé. Mais elle dépend beaucoup des moyens financiers que l’on a. La pratique de la marche et de la randonnée est plus accessible. Il est prouvé que faire trois jogging par semaine est plus efficace que le Prozac, à long terme, pour soigner une dépression.
Vos consultations sont-elles accessibles à tous ?
Nos soins sont gratuits pour le patient car ils sont pris en charge dans le cadre d’un financement MIGAC
« Missions d’Intérêt Général et d’Aide à la Contractualisation ». Les financements MIGAC sont accordés à des établissements de santé afin de leur permettre de développer des missions d’intérêt général.
. Nous souhaitons que tous aient accès à nos soins, sans critère de budget. Il est vrai que, de manière générale et bien que l’on dise qu’il vaut mieux prévenir que guérir, l’assurance-maladie ne prend pas assez en charge la prévention. Pourtant elle y gagnerait une baisse de la consommation de médicaments. Il y a bien d’autres choses que les médicaments pour se soigner, même si certains sont indispensables. Des initiatives sont intéressantes, comme celles de centres communaux d’action sociale qui s’organisent pour proposer des séances de yoga et de relaxation à un coût accessible à tous.
Propos recueillis par Jean-Christophe Sarrot