
Les migrants, acteurs de développement et de paix
À Paris, des migrants ont créé des associations pour soutenir les projets de leurs familles restées au pays.
En France, les transferts financiers de migrants vers leur pays d’origine sont de quatre à cinq fois supérieurs à l’aide publique au développement (1). Créée en 2003 par Oumar Diacko, l’Association Lieux d’Espoir pour le Développement (ALED) regroupe des ressortissants d’Afrique de l’Ouest. « Ici comme au village, dit-il, tout le monde n’a pas les mêmes moyens. Chacun, quelle que soit sa situation, peut soutenir les autres et être soutenu en cas de besoin. » ALED travaille avec l’association de la jeunesse créée il y a plus de 30 ans à Koundel, en Mauritanie près du fleuve Sénégal. Dans ce pays du Sahel, beaucoup de familles connaissent de grandes difficultés. ALED soutient le développement de jardins maraîchers et d’activités : tapisserie, teinture de tissus, fabrication de grillages de clôtures pour les villageois… Ces projets sont financés par des habitants de Koundel qui s’investissent bénévolement et parfois financièrement, par des migrants qui cotisent, ici en France, par d’autres citoyens, ainsi que par le CCFD-Terre Solidaire et le Ministère des Affaires Etrangères. 1500 habitants participent aux projets. « Nos priorités sont l’activité économique (construction d’une maison artisanale), la santé (construction d’un dispensaire) et l’éducation (agrandissement de quatre classes), souligne Oumar Diacko. Au Mali, au Sénégal et au Niger, nous avons aussi aidé à construire une maternité et des classes. Ici, 160 de nos membres cotisent chaque mois 35 € pour ceux qui travaillent, et moins pour ceux qui n’ont pas d’emploi. Cela nous permet de nous entraider en cas de maladie, décès, démarches juridiques, etc. et de participer au développement de notre région d’origine. »
ALED favorise la rencontre entre les cultures et les générations, à travers des chantiers de solidarité en Afrique – auxquels plus de 400 jeunes de France ont participé jusqu’à présent – et des rencontres d’information et de sensibilisation à Paris et ailleurs. Une façon concrète de bousculer les stéréotypes sur les relations entre pays « pauvres » et pays « riches » et sur les migrants. Changer les regards, c’est aussi cela le développement durable.
JCS