
À lire et voir en novembre 2013
À voir au cinéma
Enfants Valises, un film de Xavier de Lauzanne
Gros plans sur des visages d’adolescents souriants, rieurs, heureux d’être là… Ballottés d’un continent à l’autre, fuyant la guerre ou la pauvreté, l’arrivée en France représente pour tous une nouvelle chance. En France, l’école doit accueillir tout mineur de moins de 16 ans, français ou étranger, en situation légale ou non. Le réalisateur a suivi le parcours d’adolescents récemment arrivés d’un pays étranger (40 000 au total pour l’année scolaire 2010-2011). Évoquant souvent le mal du pays, parfois la difficulté d’être sans papiers ou sans parents, ils savent que l’école est leur principal espoir. Le film fait pénétrer dans l’intimité de chacun(e) et découvrir les pédagogies originales qui leur permettent de développer des apprentissages très variés jusqu’à leur orientation professionnelle. En épilogue, le réalisateur a cherché à retrouver plusieurs de ces adolescents quelques années plus tard pour savoir ce qu’ils étaient devenus.
Émotion garantie pour les spectateurs de ce film qui comprendront un peu mieux à quoi ces jeunes sont confrontés et comment ils parviennent ou non à surmonter leurs doutes, leurs contradictions et leurs épreuves.
Bella Lehmann-Berdugo
Enfants Valises par Xavier de Lausanne , 86 mn, 2013. Rendez-vous sur www.enfantsvalises.com pour connaître les lieux de projection ou en organiser une près de chez vous.
(Voir une présentation plus détaillée en bas de cette page).
Déjà 14 000 exemplaires vendus !
En finir avec les idées fausses sur les pauvres et la pauvreté
Jean-Christophe Sarrot, Bruno Tardieu, Marie-France Zimmer
Plus la crise économique et sociale s’accentue, plus les idées reçues sur les pauvres se répandent. S’ils sont pauvres, ce serait « de leur faute. » « Ce sont des assistés qui coûtent cher à la société. » « D’ailleurs, s’ils voulaient vraiment chercher du travail, ils en trouveraient. » En répondant à plus de 80 idées reçues, cet ouvrage invite à se connaître au lieu de s’ignorer, pour inventer une société où la misère n’aura plus droit de cité.
Éd. de l’Atelier & Éd. Quart Monde, 2013, 2e édition, 192 pages, 5€
Détruire la misère
Livret carte postale: s’affranchit et s’envoie comme une carte postale
Victor Hugo. Illustration de Jean-François Martin
Ce discours d’Hugo a été prononcé à l’Assemblée nationale en 1849, alors qu’il était député. La misère, loin d’être une fatalité, est un fléau social qui peut et doit disparaître.
Éd. D’un Noir Si Bleu & Éd. Quart Monde, 2013, 12 pages, 3,50€
L’Entreprise réinventée
Gérard Desmedt
Voyage à l’intérieur de l’entreprise « Travailler et Apprendre Ensemble », action pilote d’ATD Quart Monde à Noisy-le-Grand (93). Au moment où l’accent est mis sur les responsabilités sociales des entreprises et sur le potentiel de l’économie sociale et solidaire, ce livre met en évidence une expérience crédible et pionnière.
Éd. de l’Atelier & Éd. Quart Monde, 2012, 144 pages, 17€
Mosaïques Quartier
L’histoire de la création par les habitants du quartier du Blosne à Rennes des 50 mosaïques qui viennent d’être posées dans les halls des immeubles (voir page 3). « Il existe désormais un après et un avant mosaïque », disent-ils. Un livre magnifique.
Éd. Quart Monde, 2012, 50 pages, 10€
Parus chez d’autres éditeurs
Demain en mains , un nouveau mensuel qui prône « l’économie juste. » Voir www.demain-en-mains.info
Le dossier du magazine Altermondes (septembre 2013) : « Vivre de son travail, est-ce trop demander ? » (à commander sur www.altermondes.org)
Le film Enfants Valise .
Gros plans sur des visages d’adolescents souriants, rieurs, heureux d’être là. Ballottés d’un continent à l’autre, fuyant la guerre ou la pauvreté, certains qui sont orphelins : pour tout ceux-la, l’école incarne une chance d’intégration et de stabilisation. Appel des noms, tous exotiques : ils débarquent du Maghreb ou d’Afrique sub-saharienne. Puis chacun se présente : « J’aime mon pays, la France, le Quai Branly, je suis là depuis 3 mois ». « Là-bas, le prof il peut t’envoyer balayer chez lui ». D’autres évoquent le manque du pays, la difficulté d’être sans papiers et parfois sans parents. Etonnante bienveillance que celle de cette professeure de classe FLER (Français Langue Ecrite Renforcée).
Il y a beaucoup d’inventivité dans l’apprentissage de l’expression orale et écrite : exercices d’étirements, de détente du corps, articuler un texte avec un stylo dans la bouche, séances de théâtre : chacun est invité à décliner une phrase sur plusieurs tons (lyrique, colérique, etc). Au programme aussi : rencontre avec des adultes, ayant parfois connu la guerre mais aussi la solidarité qui témoignent, pour réfléchir sur la mémoire. Sortie théâtre (débat sur l’égalité homme/femme avec la comédienne), composition de textes en vue d’un spectacle, tout pleins de mots bouleversants de simplicité, de nostalgie, de fraîcheur, de poésie : « j’étais un ange pour ma mère, une princesse pour mon père, mon enfance était une fleur » ou « je sens encore ton armure d’or, papa » .
Ensuite vient l’orientation professionnelle, la recherche de stages d’apprentissage (nombreux coups de tel de la professeure depuis chez elle auprès d’employeurs et de parents). Trouver un métier reste une finalité mais une réalité difficile. « Je pourrai pas devenir boulanger, trop dur de se lever tôt » ou « des métiers, il y en a des milliards, j’ai peur de faire le mauvais choix » .
Dernière scène de bonheur à l’école : direction le Cœur du Monde, prenons le train avec Blaise Cendrars et 25 poètes (sic). Visages ébahis de parents, de voisins…et émotion garantie pour nous, spectateurs de ce film.
En épilogue, le réalisateur a cherché à retrouver certains de ses héros pour savoir ce qu’ils sont devenus et terminer le film sur une perspective d’avenir. En exergue, au début du film on pouvait lire : Ce qui importe ce n’est pas d’arriver mais d’aller vers.
Bella Lehmann-Berdugo