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Se connaître pour se comprendre

MAGrardrecadre_110-1c794Marie-Aleth Grard, vice-présidente et représentante d’ATD Quart Monde France au Conseil Économique, Social et Environnemental (www.atd-quartmonde.fr/magrard)

En observant l’actualité de ces dernières semaines, il apparaît clairement qu’à nouveau la méconnaissance de la vie des plus pauvres par les acteurs et décideurs pénalise ceux qui ont la vie la plus difficile.
Ainsi, le 27 mars, les sénateurs ont préféré retirer les allocations familiales aux parents d’enfants placés pour les confier au Conseil Général en charge de l’aide sociale à l’enfance. Mais ces mêmes sénateurs ont-ils rencontré des parents dont les enfants sont placés parce qu’ils ont une vie de trop grande pauvreté (logement insalubre, pas de travail depuis si longtemps, une santé tellement précaire…) ? Les ont-ils entendus dire combien l’allocation de rentrée scolaire et les allocations familiales leur permettent de garder le lien avec leur enfant, le recevoir un week-end sur deux, lui acheter un cartable à la rentrée… N’est-ce pas légitime lorsque l’on est parent ?

La loi sur la refondation de l’école est en discussion au Parlement. Les députés ont supprimé un article qui inscrivait la pédagogie de la coopération et de la rencontre comme base de la formation initiale et continue des enseignants. Les députés mesurent-ils à quel point cette pédagogie permet la réussite de tous les élèves ?

Début avril, une amie recevant le RSA activité nous expliquait : « Maintenant, il n’y a plus de commission pour expliquer notre situation, cela se passe par téléphone. » J’imaginais alors les personnes qui ont du mal à s’exprimer, celles qui ont besoin d’entendre plusieurs fois les explications…
Notre société veut aller vite, mais toujours au détriment de la personne dite « bénéficiaire. » Avons-nous à ce point besoin de « gagner du temps » au détriment de rencontres humaines ?

Pour les professionnels aussi, travailler plus vite est insatisfaisant. Comment peuvent-ils comprendre les personnes qui ont la vie difficile s’ils ne les rencontrent pas ?

Rien, jamais, ne remplacera la rencontre et l’échange en face à face. C’est le seul moyen de se comprendre et qu’enfin notre société permette à chacun d’avoir une vraie place.