
Osons
Marie-Aleth Grard, vice-présidente et représentante d’ATD Quart Monde France au Conseil Économique, Social et Environnemental (www.atd-quartmonde.fr/magrard)De plus en plus de personnes vivent sous le seuil de pauvreté en France. Le nombre de repas distribués par des organisations humanitaires ne cesse d’augmenter… Que faire pour enrayer cette spirale qui révèle des conditions de vie chaque jour plus difficiles pour plus de 8 millions de nos concitoyens ?
Le plan pluriannuel contre la pauvreté mettra en route des mesures nécessaires. L’augmentation du RSA, si minime soit-elle, est utile. La stigmatisation cède la place à la reconnaissance que les personnes en situation de pauvreté veulent s’en sortir et que les pouvoirs publics doivent les y aider…
Mais ces mesures ne suffiront pas. Nous le savons, un sursaut civique général est nécessaire.
Il me semble urgent que chacun de nous, dans son travail, son quartier, l’école de ses enfants… se rende compte qu’il peut aider les regards à se transformer pour qu’enfin les personnes qui vivent dans des conditions si difficiles ne se sentent pas jugées, accusées avant même qu’elles n’aient pu s’exprimer.
Dans le Mouvement ATD Quart Monde, les personnes qui s’engagent aux côtés des militants Quart Monde et des volontaires permanents se nomment des alliés. Ils sont en quelque sorte des ambassadeurs pour faire reconnaître le courage des plus pauvres, pour transmettre à leur famille, leurs amis, leurs collègues de travail, combien la misère est un combat de chaque jour, combien elle détruit ceux qui la subissent. Transmettre que les personnes qui vivent la grande pauvreté attendent notre engagement à leurs côtés, ont besoin de sentir que nous sommes là à égalité, que nous ne les jugeons pas, que nous ne pensons pas à leur place, mais que nous voulons les écouter et entamer un vrai dialogue.
Alors, chers amis lecteurs, soyons moins timides, osons la rencontre, osons interpeller nos élus, osons dire stop lorsque la dignité ou les droits d’une personne ne sont pas respectés. Ce n’est qu’avec un minimum d’audace que nous aurons une chance de mettre fin à cette spirale que toutes les mesures prises jusqu’à présent n’ont pas réussi à enrayer. Osons !