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Le politique, c’est nous (éditorial de Feuille de route n°407, juin 2011)

«Nous sommes tellement discriminés que nous ne croyons plus en la politique. Avec d’autres jeunes, en groupe, nous montons des théâtres forums pour faire comprendre cette discrimination dont nous sommes l’objet. On en a fait un à Sciences Po Paris et tous les étudiants y ont participé. » Voilà ce que disait Jessy au Premier ministre,  François Fillon, le 20 mai, après une heure d’échanges où des jeunes de toute la France ont fait part de leur expérience et de celle de leurs milieux sur des sujets très politiques : l’école, le travail, la discrimination sociale, les espaces qui manquent pour réfléchir ensemble…

Parler à des étudiants pour les faire réfléchir sur leur responsabilité citoyenne, c’est politique. Ces jeunes nous montrent le chemin du sursaut civique dont notre pays a besoin : osons parler avec d’autres sur ce qu’il faut changer dans notre monde : l’argent fou qui décide plus que les humains, les logiques d’élimination des plus démunis, les discours qui rejettent l’étranger, qui disent que la nation pourrait exister sans le monde.

Parfois, à l’écoute des propos stigmatisants d’un ministre (voir la réaction d’ATD Quart monde le 9 mai 2011 aux déclarations du ministre Laurent Wauquiez), on a si mal que l’on préférerait se taire ou avoir la haine. Mais nous devons prendre nos responsabilités : il faut débattre. Notre pays a besoin que chaque membre d’ATD Quart Monde
entre en dialogue, accepte la confrontation avec tous les courants de pensée. Le débat doit être entre tous, pas seulement à la télévision. Les membres du Mouvement qui vivent dans les quartiers les plus démunis le disent, cette nécessité du débat est partout. « En public, les gens disent qu’ils sont sûrs de leur opinion et font les bravaches. Mais parfois, en privé, ils aimeraient vraiment réfléchir avec d’autres », précise David. Pour débattre de ces questions de société, il faut un minimum de confiance en l’autre. « Tant qu’on ne me considère pas du tout dans les administrations, je n’irai pas voter », disait Nadine.

Créons le débat dans la confiance.

Vous trouverez ici des questions ancrées dans la vie de ceux qui luttent contre la misère, des questions ouvertes à tous les partis, à leurs membres et à tous les électeurs. Nous comptons sur vous pour les lire, les discuter autour de vous et nous écrire afin de favoriser ce grand débat.

Bruno Tardieu, Délégué national d’ATD Quart Monde France