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Le G20 et le Quart Monde (éditorial de Feuille de route n°383, avril 2009)

« Aujourd’hui avec la crise, nous le Quart Monde, on disparaît » disait hier Mme Marie-France Zimmer, membre du Conseil d’administration du Mouvement.

Qui sait que de nombreux pères de familles, écologistes avant l’heure, ne peuvent plus faire la ferraille car la tonne d’acier qui se vendait 150 euros se vend aujourd’hui 30 euros ? Combien vivent la honte des minima sociaux qui ne suivent plus le coût de la vie depuis des années, comme cette maman et sa fille qui sortent chacune leur tour car elles n’ont qu’une paire de chaussures pour deux ?

Il est normal que ceux qui perdent leur emploi s’inquiètent, mais il est impossible de repenser des bases éthiques de notre économie en ne protégeant que les classes moyennes et en occultant les plus pauvres. Je veux dire ces hommes, ces femmes, ces jeunes, ces enfants de tous pays qui, à cause de la misère, se sentent à part, rejetés de tous, même parfois des leurs, et qui doivent lutter tous les jours pour être simplement reconnus humains.

Quand ces personnes sortent de leur isolement et osent se rassembler dans le Quart Monde, elles nous invitent à agir ensemble en vue de l’égale dignité de chaque personne. Leur expérience de l’abandon fait qu’elles ne réclament pas des droits pour une catégorie, mais la construction d’une société où nul n’est abandonné, et où la misère ne se transmet plus aux générations suivantes. Le Quart Monde a réussi à faire progresser des droits fondamentaux pour tous (en France : revenu de dignité, accès universel aux soins…). Mais pour cela il doit être entendu là où se décide l’avenir et, aujourd’hui, l’avenir se joue au niveau du monde.

C’est pourquoi nous venons de porter au Président de la République une lettre qu’Eugen Brand, délégué général, lui a adressée ainsi qu’à d’autres participants au G20 pour leur demander d’agir « afin que la communauté internationale crée des politiques qui ont comme mesure la qualité de vie du plus pauvre et du plus exclu, car alors elles protégeront également les populations qui risquent de tomber dans la pauvreté quand les crises apparaissent. »