
Impatience
Marie-Aleth Grard, vice-présidente et représentante d’ATD Quart Monde France au Conseil Économique, Social et Environnemental (www.atd-quartmonde.fr/magrard)
Notre société nous entraîne à tout vouloir tout de suite. Les médias, les magasins ouverts à toute heure…, tout encourage cette course au temps.
Il en va de même pour les lois votées au Parlement. Parfois elles nous enthousiasment lorsque nous y retrouvons le fond du combat que nous portons. Ainsi pour la loi de refondation de l’école de juillet 2013, où apparaissent pour la première fois l’incitation à la pédagogie de la coopération qui permet la réussite de tous les enfants, la formation des enseignants à la connaissance de ceux qui ont la vie plus difficile et le changement de rythme scolaire : une demi-journée journée de plus avec des ateliers pour tous les enfants – parfois le premier espace où certains pourront vivre quelque chose d’heureux à l’école.
Des réformes aussi importantes : revoir les pédagogies, y former les enseignants, changer les rythmes scolaires, permettre aux parents de trouver leur place dans la relation avec les enseignants, donner une vraie fonction à la maternelle et ne pas la réduire à la pré-école primaire…, tout cela ne peut se faire en un jour, ni même en trois mois. Il nous faut accepter qu’une telle réforme s’inscrive dans un temps long.
Que les enseignants, les enfants et, les parents s’impatientent est normal… mais il nous faut sans cesse expliquer combien l’enjeu est de taille : réduire l’échec scolaire, faire que chacun ait une vraie place à l’école, repenser la maternelle pour que les enfants prennent vraiment le temps de découvrir les sens, les activités en groupe, permettre la réussite de tous les enfants…
Les nouveaux rythmes scolaires sont mis en place depuis septembre dans 4000 villes. Dans plus de la moitié de celles-ci, cela marche bien. Les médias s’intéressent surtout aux dysfonctionnements. Mais qui nous parle des enfants qui, pour la première fois, ont accès aux activités de création ou sportives proposées dans ces temps-là ? Qui raconte comment des enfants de milieux différents sont heureux de pratiquer ensemble ces activités ?
Penser et agir ensemble, n’est-ce pas là ce que nous souhaitons pour bâtir une société plus juste basée sur le vivre ensemble ? L’objectif de cette réforme est de bâtir une école de la confiance, de la coopération. À chacun de nous d’en être les artisans patients pour la réussite de tous les enfants.