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« Y’en a assez… pour tout le monde ! » (Conte d’après-Noël)

À l’aube de 2010, de retour de Copenhague, la présidente du monde avait convoqué à New York les chefs d’État de la terre entière. Non plus pour parler du climat, mais de cette injustice flagrante qu’est la persistance d’une misère qui fait mourir les enfants, pleurer les mères et rend muets de rage les pères. Et cela, dix ans après l’engagement du Millénaire d’éradiquer la pauvreté d’ici 2015.

Très en colère, elle leur dit : « Qu’avons-nous fait de notre serment d’il y a dix ans ! Qu’allez-vous donc enfin faire en cette année 2010 ? ». Un par un, penauds, les présidents lui répondirent. « Nos enfants meurent et nous faisons la guerre… mais nous allons faire la paix en accueillant la coupe du monde de football », dit avec enthousiasme le président de l’Afrique. « Nous voulons faire de 2010 l’année européenne contre la pauvreté et l’exclusion sociale », suggéra timidement le président de l’Europe. « Nous voulons que chacun puisse manger à sa faim. C’est un plaisir de gouverner pour les pauvres » (discours du Président Lula – Brésil), affirma le président d’Amérique Latine. « Aujourd’hui, nous sommes au coeur d’une crise financière internationale : c’est une formidable occasion pour tout recommencer correctement » (Muhammad Yunus, prix Nobel de la Paix 2006), proposa le président de l’Asie. « I have a dream », rêva le président de l’Amérique, ajoutant : « La paix réelle ne peut se résumer à l’élimination de la peur, elle doit aussi mettre chacun à l’abri du besoin » (Barack Obama recevant le prix Nobel de la Paix 2009 à Oslo).

Peu satisfaite de tels propos, la présidente du monde se tourna alors vers la jeunesse de tous les pays. Les jeunes, voilà un projet pour 2010 ! « Vivez donc vos rêves ! », leur proclama-t-elle. « Vous qui refusez la différence et la discrimination, vous qui êtes des constructeurs d’avenir. » Et, s’adressant aux jeunes confrontés à la pauvreté dans le monde, elle reprit : « Vous faites partie d’un haut lignage, vous n’êtes pas n’importe qui, vous n’êtes pas nés d’hier ; vous êtes de ceux qui ont hérité de toute la misère du monde […] Vous voulez être une jeunesse qui puisse aimer et être aimée, une jeunesse qui puisse être respectée parce qu’elle est respectable » (Joseph Wresinski, « Aux jeunes », 20 mai 1973 et 27 mai 1985 – www.joseph-wresinski.org).

Et tous ensemble de reprendre en chœur la chanson « Y’en a assez, y’en a assez pour tout le monde. Il suffirait de partager sur notre planète ronde » (album des « Enfantastiques et Monsieur Nô »).

Pascal Percq, responsable du pôle Mobilisation-communication d’Atd Quart Monde France