Entrez votre recherche ci-dessous :

Idées Fausses : « Pour réduire la pauvreté, il faut de la croissance économique » C’est faux !

Faux. La croissance ne suffit pas pour résorber la pauvreté. Et même sans croissance, nous avons des moyens d’agir.

La croissance économique – rare de nos jours – fait peu reculer le chômage et la pauvreté pour plusieurs raisons. D’abord, parce qu’elle s’accompagne souvent d’une hausse de la productivité qui limite la création d’emplois. Ensuite, on constate que ses fruits sont de plus en plus inégalement répartis[1] et que depuis plusieurs années, les emplois qu’elle crée sont dans l’ensemble peu qualifiés et mal rémunérés. Enfin, les chômeurs de longue durée sont toujours les derniers à retrouver un travail. Dans les années 1980 et 1990, on remarquait déjà aux États-Unis que la croissance ne permettait plus aux bas revenus de trouver un emploi correctement rémunéré[2].

L’obstination de nos dirigeants à produire de la croissance est surtout, explique le sociologue Paul Jorion, liée aux règles de fonctionnement du système capitaliste et libéral, où, pour produire, nous empruntons car nous ne trouvons pas assez – ou nous ne savons pas nous contenter – d’argent déjà disponible en fonds propres. Résultat : dans tout produit que nous achetons, il y aurait, compris dans le prix que nous payons, 30 à 40 % de versements d’intérêts[3]. Les entreprises qui empruntent doivent donc vendre toujours plus ou toujours plus cher.

Plus que la croissance, la redistribution semble être plus efficace pour agir contre le chômage et la pauvreté (idées fausses 2 et 83). C’est même la Banque mondiale qui le dit[4] au niveau international : réduire les inégalités de 1 % par an permet davantage de réduire l’extrême pauvreté qu’accroître le PIB de 1 %.

 

[Article mis à jour en décembre 2019]

ATD Quart Monde publie l’édition 2020 de l’ouvrage de référence qui démonte les idées fausses. Un indispensable !

Commandez le livre (6€)

 

 

 


[1] R. Wilkinson et K. Pickett, Pourquoi l’égalité est meilleure pour tous, op. cit., et Pour vivre heureux, vivons égaux !, op. cit. La croissance, à partir d’un certain seuil, provoque la croissance des inégalités et la dégradation de l’environnement. Notons que le Produit Intérieur Brut, qui sert à mesurer la croissance, comptabilise le commerce de drogues et la prostitution, et des activités qui polluent la planète. Il croît donc avec ces activités.

[2] M. Zyblock, Z. Lin, « Existe-t-il des liens entre la performance économique, les paiements de transfert, l’inégalité et le faible revenu ? », Statistique Canada, 1997. Voir aussi R. Blank, It Takes a Nation. A New Agenda for Fighting Poverty, op. cit.

[3] P. Jorion, Le dernier qui s’en va éteint la lumière, op. cit., p. 74.

[4] C. Lakner, D. G. Mahler, M. Nègre, E. B. Prydz, « How much does reducing inequality matter for global poverty », Banque mondiale, policy research working paper, n° 8869, 2019.