Remise Prix Recherche Participative

Remise Prix Recherche Participative 26 Juin 2023

Mesdames, Messieurs, 

Je suis sincèrement fière et heureuse d’être avec vous ce soir, et de représenter ATD Quart Monde.

Dans les principes de base de notre Mouvement nous avons écrit que :

Tout homme porte en lui une valeur fondamentale, inaliénable qui fait sa dignité d’homme.

J’aime cette phrase qui remet l’humain au cœur de nos travaux. Depuis 65ans ATD Quart Monde travaille, pense, agit, avec les personnes qui vivent dans la grande pauvreté et avec les chercheurs. Nous voulons éradiquer la grande pauvreté avec les plus pauvres eux-mêmes.

Nous défendons l’indivisibilité des droits, tout est lié, si vous avez des soucis de logement, vous avez très souvent également des problèmes de logement, de santé, d’éducation … les droits sont liés.

Pour défendre les droits des personnes très pauvres il faut travailler ensemble la connaissance. Elle est essentielle, il nous faut comprendre  ce que vivent au quotidien les plus pauvres, les stigmatisations qui empêchent d’avancer, les mises à l’écart qui blessent durablement et ne permettent pas aux personnes de s’exprimer librement.

Joseph Wrésinski, notre fondateur ayant lui-même connu la grande pauvreté, encrait la pensée des plus pauvres dans une connaissance qui mène au combat, voici ce qu’il en disait devant l’académie des sciences morales et politiques :

 « La question de la connaissance de la pauvreté ne peut être indépendante de celle du savoir des pauvres, car le droit de connaître une condition est d’abord celui des personnes qui la vivent. Tant que ce droit ne leur est pas reconnu, comment espérer qu’ils concourent à cette connaissance, qu’ils s’en nourrissent et qu’ils la nourrissent ? Si leur contribution essentielle en est absente, cette connaissance, que vaut-elle ? Voilà les questions que reposent sans cesse nos amis sous-prolétaires lorsque nous réfléchissons avec eux sur l’avenir de leurs enfants. Pourquoi ce monde d’une nouvelle ère postindustrielle est-il en train de se bâtir sans reconnaître leur expérience et leur pensée ? Comment croiront-ils à l’utilité et même à la vérité d’une connaissance dans laquelle ils ne peuvent rien livrer d’eux-mêmes, par laquelle ils sont le plus souvent condamnés à croire qu’ils n’ont ni expérience, ni pensée ? »

Oui les plus pauvres sont sans cesse condamnés à croire qu’ils n’ont ni expérience, ni pensée ! Leurs capacités à élever leurs enfants « correctement » est par exemple sans cesse remise en cause, questionnée. De même les capacités des enfants et des jeunes vivant dans une famille qui est dans la grande pauvreté de réussir à l’école, d’oser choisir leur orientation scolaire sont dès le plus jeune remises en question, et ils sont très rarement associés aux décisions.

Et ce sont ainsi des millions d’enfants qui finissent par croire qu’ils ne peuvent pas apprendre, parfois bloqués dans un conflit de loyauté qui les dépasse et des millions de parents qui en arrivent à penser qu’ils ne peuvent pas élever leurs enfants.

C’est bien là toute l’ambition des travaux pour lesquels « l’espace collaboratif Croiser les savoirs avec toutes et tous » soutenu par une convention créative entre le CNAM, le CNRS et ATD Quart Monde est récompensé ce jour ; le Croisement des savoirs et des pratiques grâce à l’espace collaboratif a créé maintenant une communauté de pratiques, et d’intérêt avec de nombreuses équipes de recherches participatives qui convergent vers les questions à travailler.

Il nous faut penser la connaissance comme un commun à construire, à gouverner et à mettre en œuvre ensemble.

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Trocadéro 17 Octobre 2022

Grand merci Cher Claude Nidergang de nous ouvrir à ce temps de commémoration de la journée mondiale du refus de la misère ; vous nous donnez ainsi la bonne direction pour notre rassemblement ici ce soir.

Mesdames, Messieurs, Chers amis,

Merci à vous d’être ici présent et merci à vous qui nous regardez grâce à la retransmission en direct.

1987 – 2022 35ème journée mondiale du refus de la misère, voilà 35 ans que des femmes, des hommes et des enfants se rassemblent ici en ce parvis des Droits de l’homme et des libertés au Trocadéro ; mais également dans de très nombreux pays dans le monde. Nous sommes ici pour honorer et donner la parole à toutes les personnes qui vivent dans des conditions indignes et qui subissent au quotidien l’humiliation de vivre dans la grande pauvreté.

35ans qu’avec les plus pauvres, et avec nos partenaires toujours plus nombreux que je veux remercier ici pour leur fidélité, nous rappelons sans relâche que la misère est une violation des droits humains mais qu’elle n’est pas une fatalité si la société s’engage aux côtés des personnes les plus exclues.

Nous sommes ici pour dire haut et fort, tous ensemble, combien refuser la misère c’est refuser l’inacceptable.

Nous n’accepterons jamais que plus de 9 millions de personnes dans notre pays vivent sous le seuil de pauvreté. Et que plus de 4 millions d’entre elles vivent à la rue ou dans des conditions totalement indignes.

Nous n’accepterons jamais que les plus pauvres soient montrés du doigt, rejetés, tenus pour responsables de leur situation et de tous les maux de notre société. Certains voudraient même obliger les personnes qui se battent au quotidien pour survivre courageusement avec un RSA, à faire des travaux d’intérêt général pour obtenir cette maigre allocation.

Nous n’accepterons jamais que plus de 3 millions d’enfants voient leur scolarité abîmée par une vie dans la grande précarité.

Nous refusons que des enfants, des adultes soient jetés à la rue sans logement.

Nous refusons que plus d’un million et demi de jeunes soient oubliés, sans formation, sans logement et sans avenir dans notre pays.

Chers amis cette année nous affichons la dignité en action !

Alors osons le dire et le faire, chacune et chacun d’entre nous peut agir pour que les plus pauvres puissent exercer leurs droits et leur dignité comme tout un chacun. Toute mesure qui est pensée avec les plus pauvres, n’oubliera personne, permettra d’avancer dans le bon sens et profitera à tous et toutes.

La dignité en action ce n’est pas un slogan c’est une invitation à agir dans nos quartiers, dans nos entreprises, dans les écoles, dans nos maisons de quartiers, partout où nous sommes. Une invitation à Agir ensemble avec les personnes qui ont l’expérience de la grande pauvreté, et montrer ensemble qu’une autre société est possible.

Nous pouvons gagner le combat contre l’extrême pauvreté et l’exclusion à l’échelle d’une génération, comme s’y était engagé notre pays par la voix du président de la république en septembre 2018 et par l’adhésion aux objectifs de développement durables votés par les Nations Unies.

Mais si nous voulons vraiment gagner ce combat contre la misère, (y compris malgré les crises financières, sanitaires, écologiques, énergétique qui se succèdent), nous devons changer la société, nous devons nous transformer nous-mêmes et transformer les relations de pouvoir, pour que chacun et chacune soit respecté et puisse être acteur de sa vie et de notre démocratie.

Alors avec vous, avec vous tous, Mouvements, syndicats, associations, élus, citoyens, avec nos amis d’Haïti, de Calais, de Paris, de Briançon et d’ailleurs, n’oublions jamais que ceux qui vivent dans la misère sont des acteurs de changement, des acteurs pour la construction du monde, des acteurs trop souvent ignorés.

Chers amis il est temps, il est grand temps de nous unir pour faire respecter l’égale dignité  et les droits de Tous et toutes.

Nous ne sommes pas très nombreux ici ce soir car jusqu’à il y a quelques jours nous pensions ne pas avoir accès à la dalle gravée en l’honneur des victimes de la misère et des temps ont été vécus ces derniers jours dans d’autres lieux de l’Ile de France ; mais je veux saluer et remercier ceux qui sont là, les fidèles et parmi eux il y en a quatre que vous me permettrez de saluer plus particulièrement :

Monsieur Thierry Beaudet Président du Conseil économique Social et environnemental qui a accepter de clôturer notre rencontre et Madame Anne Hidalgo Marie de Paris à qui je cède maintenant la parole.

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Fraternité

La Fraternité – Forum des Bernardins 14 Septembre 2021 

Marie-Aleth Grard

Je tiens à vous remercier de m’avoir invitée, je suis à la fois émue d’être dans un tel lieu et vraiment heureuse d’avoir eu à réfléchir sur ce sujet de la Fraternité, même si, il y a quelques années pour une campagne présidentielle nous avions déjà pris du temps à ATD Quart Monde pour réfléchir à ce sujet, j’y reviendrai toute à l’heure.

Je crois pouvoir dire que la Fraternité a toujours été partie intégrante de mon éducation reçue de mes parents très militants chrétiens, et qu’elle est le fil rouge de ma vie d’adulte, de notre couple avec mon mari Emmanuel.

Comment ne pas démarrer un tel sujet, même en tant que présidente d’ATD Quart Monde qui n’est pas une ONG confessionnelle, mais un Mouvement multi-convictionnel, où chaque religion et spiritualité doit avoir sa place, Oui comment ne pas démarrer un tel sujet sur une interpellation biblique ? 

« Qu’as tu fait de ton frère ? » (Mathieu 25 31-46, Genese 4 1-12, Jacques 1 22-27). 

A la question de Caïn : «  Suis-je responsable de mon frère »notre réponse n’est-elle pas ?  « Tu es le gardien de ton frère ».

C’est la référence suprême à la notion de « fraternité humaine ». Pour d’aucuns, la vraie faute de Caïn est de tourner le dos à son frère et de ne pas assumer devant Dieu et les hommes la responsabilité de sa disparition. La vraie faute est le déni. 

Indépendamment de ces considérations bibliques et religieuses, mais aussi des principes républicains de « Liberté, Egalité, Fraternité » -j’en parlerai ensuite-toute la démarche d’ATD Quart Monde est de prendre en compte ce « frère » plus fragile, plus démuni, cassé, brisé par les événements de la vie toujours plus difficiles et de le considérer comme un autre soi-même.

Joseph Wrésinski, notre fondateur disait ceci sur la fraternité :

« Plutôt que de parler de solidarité, je préfère parler de fraternité. Qui dit fraternité, dit aussi égalité profonde, inhérente à la nature même de l’homme. Être frères, c’est être liés les uns aux autres par le sang, l’esprit, le cœur… par Dieu lui-même. Être solidaires, c’est être liés autour d’un problème, pour le résoudre, dans une revendication adressée à un tiers ou contre un tiers. Ainsi, dans le syndicalisme, les gens sont solidaires pour arracher des droits au patronat ou à l’État. Ces droits, certes, sont légitimes. Mais ma démarche n’est pas celle-là. Je préfère entrer dans une reconnaissance profonde des uns par les autres, parce que tous nous avons le droit d’être à la même table, à égalité à cette table. On ne discute pas la place d’un frère à la table commune ; sinon on le renie, ce qui constitue l’acte le plus grave qui puisse atteindre l’autre. 

Solidaires, les autres demeurent des étrangers. Frères, les uns et les autres se retrouvent à égalité, parce qu’ils se reconnaissent d’un même Père, fils ensemble de ce Père qui les aime. Solidaires, on établit avec les autres des rapports de compagnons, de camarades. Frères, on est liés par la vie elle- même, par Celui qui nous a donné la vie, et nous réunit naturellement ; on partage les même droits, parce qu’on partage la même origine. » 


Je souhaite aussi citer ici deux prédécesseurs illustres, qui furent présidents d’ATD Quart Monde, ils m’ont beaucoup appris. 

Tout d’abord Geneviève de Gaulle Anthonioz qui disait ceci :

« Quand on a été touché par le mal absolu la seule réponse est la fraternité. Dans un camp de concentration, nous n’avions rien d’autre à opposer à la cruauté, à la haine, à la destruction des êtres humains que cette fraternité. Finalement, c’est elle qui gagne parce qu’elle est plus forte que tout. Et ce que les familles en grande pauvreté nous apprennent au jour le jour, avec leurs moyens, avec ce qu’elles construisent entre elles, avec nous et avec le monde des autres – qu’elles pourraient détester à juste titre parce qu’elles sont injustement plongées dans la misère – c’est la fraternité.

Le secret de l’espérance c’est le secret de la fraternité ; cette fraternité c’est la réponse au mal absolu comme disait Malraux.

Refuser l’inacceptable c’est accepté de bâtir ensemble la fraternité. »

Et puis Paul Bouchet : « La fraternité est un vécu. C’est ce que j’ai connu, que ce soit dans la Résistance, la fraternité combattante, ou au sein du Mouvement étudiant ou avec ATD Quart Monde avec le Croisement des savoirs. C’est la fraternité militante, pas une doctrine abstraite. On ne peut pas refuser l’inacceptable seul, il faut croiser son savoir avec celui d’autres, ce qui permettra de mener un combat commun. »

Construire la société avec tous 

Lors des élections présidentielles de 2012 nous avions souhaité écrire un texte sur la devise républicaine, je vous en livre ici des extraits.

Les membres du Mouvement ATD Quart Monde ne peuvent concevoir leur avenir individuel et collectif indépendamment de celui des populations que la misère exclut en France et partout dans le monde. C’est pourquoi, ATD Quart Monde interpellera d’une manière ou d’une autre les candidats et les différents partis politiques français sur la façon dont ils comptent traiter les questions soulevées par les personnes vivant dans la grande précarité et par celles qui leur sont solidaires au nom de ces principes républicains de liberté, d’égalité et de fraternité.

Que deviennent-ils ces principes républicains ? 

Liberté :Nous ne voulons pas d’une société qui, à l’instar de ce que prônent certains responsables politiques actuellement, accentue le contrôle des plus pauvres en les faisant passer globalement pour coupables de leur situation. 

Egalité : Nous ne voulons pas d’une société où l’accès aux droits est réservé à certains. Avec d’autres, ATD Quart Monde n’a cessé d’inciter les pouvoirs publics à engager une politique d’accès de tous aux droits et devoirs de tous par la mobilisation de tous. 

Et le principe républicain de Fraternité ?  

A la différence des deux autres composantes de notre devise nationale, la Fraternité ne se décide ni par des lois, ni par des décrets.  Elle ne résulte que de  l’œuvre de chacun. C’est pourquoi notre démarche se veut véritablement une démarche de société, « de démocratie de la fraternité ».

Nous ne voulons pas d’une société où la peur du déclassement social pousse au repli sur soi et sur les siens, et crée encore davantage de violence. La tentation est parfois grande de créer une fausse unité en pointant du doigt le mauvais pauvre ou l’étranger, en laissant entendre qu’ils sont sources de violences dans la société. Or, partout dans le monde, l’expérience montre que les plus fragiles paient le prix fort chaque fois que l’on dresse une population contre une autre. 

ATD Quart Monde attend de chacune et chacun un sursaut civique dans notre pays, pour refuser les rejets et pour apprendre à penser et vivre ensemble dans le respect de l’égale dignitéde chacun, quel qu’il soit. 

Une interrogation et une réflexion avec vous chers amis.

Pourquoi parle-t-on aujourd’hui moins de « fraternité » que de « solidarité » ?

La « solidarité » serait-elle la petite sœur « pratique » de la « fraternité » ? Serait-elle plus « laïque » pour certains que les termes « charité » et « fraternité » qui gênent en étant trop « religieux » comme d’aucuns l’ont avancé au 19ème siècle au nom d’un « solidarisme » ?

Nous avons régulièrement échangé au sein d’ATD Quart Monde sur ce thème de la Fraternité avec Joseph Wrésinski, notre fondateur, avec Geneviève de Gaulle Anthonioz, avec Paul Bouchet. 

Et plus récemment avec l’un des nôtres, Bruno Mattéï, philosophe, décédé trop rapidement il y a quatre ans.

Quelle distinction faut-il faire entre « solidarité » et « Fraternité ».

Pour Bruno, et pour d’autres penseurs, la raison profonde pour laquelle la République préfère tant la solidarité, serait que la fraternité est dotée d’une potentialité contestataire capable de remettre en cause les structures mêmes de la société capitaliste du XIXème siècle : 

La solidarité arrange, la fraternité dérange. 

La solidarité corrigerait les inégalités criantes mais sans s’attaquer à leurs véritables causes.

Alors que la fraternité se conçoit uniquement comme horizontale, la solidarité ne touche pas – ou peu – aux rapports de pouvoir et ne change pas fondamentalement les relations de domination et d‘aliénation.  

La fraternité est une démarche qui nous met à l’épreuve de nous-mêmes. Elle nous met devant nos faibles capacités. On parle souvent de solidarité, mais c’est de la fraternité… revue à la baisse. 

Je vous invite à lire la contribution de notre ami Bruno dans un ancien numéro de l’excellente revue « Projet » ou son petit livre « la fraternité, est-ce possible ? » (Editions Audibert). Pour lui, il faut apprendre et enseigner la fraternité.  C’est aussi l’hommage que je voulais lui rendre avec vous.

Chers amis, j’allais dire – chères frères et sœurs- je pense qu’au fil de ces dernières décennies… nous avons oublié la fraternité en route.

« Nos frères essentiels » comme les appelle Michel Serres ont tous les « sans » (sans droits, sans papiers, sans voix, etc …) candidats à l’exclusion ou déjà installés, par la « défaveur » que nous avons d’eux, dans la misère qui est la leur et sans doute plus encore la nôtre.

Pour Martin Luther King : « Ou bien nous apprendrons  à vivre tous ensemble comme des frères, ou bien nous périrons tous comme des idiots. »

Tout aussi agressif Régis Debray dans « le moment de fraternité » en 2009 :

« Abstraction défraîchie, quoique plus jeune que Liberté et Egalité, la Fraternité se voit plus sur les frontons que sur les visages. Par chance il lui reste une histoire et une géographie, celle des micro-sociétés qui en ont fait leur vie quotidienne, parfois leur raison d’être (…). La Fraternité a de hautes exigences. Elle ne s’achète pas au rabais, elle coûte. Il se trouve que ne pas prendre le risque de la Fraternité serait en courir un plus grand encore. Même si elle est plus un éclair qu’un état, faisons-la vivre pour quelques moments d’élection, d’exception ! »

Enfin si je me réfère à l’article premier de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme : « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droit », celui-ci est également ponctué par ces mots : « ils doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité. »

En clair, l’esprit de fraternité est bien ce devoir impératif et préalable, condition impérative de l’égale dignitéde chaque être humain.

Une démocratie de Fraternité

S’il me fallait préciser plus loin encore notre démarche. Je dirai tout simplement : 

Nous voulons construire ensemble une démocratie de fraternité.

La société française –et pas seulement celle-ci- est menacée par des dérives qui nous inquiètent. C’est la manière d’être humain ensemble qui est gravement mise en cause. Face à ces menaces de régression, face à une mondialisation dominée par la seule logique du rendement financier de court terme alors qu’elle pourrait être une chance pour construire des solidarités planétaires, le témoignage et l’action de femmes et d’hommes de convictions sont essentiels. Nous ne voulons pas d’une société qui attise la violence, le déni de l’autre et répond aux peurs par des logiques sécuritaires, et la constitution de groupes ethniques et religieux fermés sur eux-mêmes réduisant les personnes à leurs origines ou à leur religion. 

Nous avons le désir de bâtir une société où chacun, dans la diversité des convictions, peut participer à la construction d’une société qui fait du lien fraternel l’horizon de son développement. Nous voulons vraiment construire une démocratie de fraternité,faire advenir une mondialisation interpersonnelle où chacun puisse s’enrichir de l’autre, résister au mal qui traverse chaque personne, construire la paix. Pour faire face aux menaces de régression éthique et spirituelle qui tendent à faire de l’être humain une chose, nous avons besoin de partager nos raisons de croire en la vie, de croire en l’autre. 

Certains parmi nous sont juifs, chrétiens ou musulmans, d’autres agnostiques ou athées, tous nous avons besoin d’un espace de fraternité où nous parler, mieux nous connaître, partager en profondeur les sources diverses et parfois conflictuelles de nos engagements et de nos spiritualités. Nous avons besoin d’inventer ensemble une démocratie pour notre temps, conviviale, ouverte, constructive, fondée sur l’amour de la vie, l’estime du prochain, l’action patiente mais tenace pour construire des institutions justes.

Je vais terminer mon propos par un exemple très concret vécu il y a quelques jours dans le Val d’Oise, mais qui se vit trop souvent sur notre territoire dans une indifférence qui finit par faire peur.

Un homme vit depuis 10ans dans une vieille caravane sur un terrain abandonné avec ses cinq enfants. Cet homme fait des petits boulots à droite et à gauche pour faire survivre la famille, les enfants et jeunes sont tous scolarisés régulièrement à l’école et au collège proche. Il y a quelques jours à 6h du matin les policiers les ont délogés brutalement en quelques minutes de leur caravane. Ne leur laissant prendre que quelques vêtements. Quelques minutes plus tard hébétés par tant de violence, leur caravane est écrasée par un bulldozer sous leurs yeux, plus rien, plus aucune affaire personnelle, plus de papiers, plus de cahiers et de livres pour l’école. Et sans avoir eu le temps d’appeler des amis au secours dans les minutes qui suivent le terrain est nettoyé, plus aucune trace de la caravane et de ce qui vient de se produire. L’homme et ses cinq enfants se retrouvent à la rue, sans affaire et sans recours possible puisque tout vient d’être effacer, nettoyer en très peu de temps. 

Ces actes très violents, sans prévenir, sont trop fréquents, dans notre société chacune et chacun d’entre nous peut agir au quotidien pour la fraternité, pour une société qui n’oublie personne. Par un simple regard, par une attention, par le fait de dire bonjour à son voisin, à celui ou celle qui vit dans la rue et que l’on croise en allant faire ses courses. Ne pas fermer les yeux, ne pas s’habituer à voir des personnes qui dorment dans la rue ou des migrants qui vivent dans des conditions impossibles. Chacun, chacune peut agir dans son quartier, dans son travail. Là où des personnes sont trop souvent moins bien traitées. La fraternité ne doit pas rester un idéal éloigné, mais un moteur pour l’action, une boussole pour effectuer les choix qui s’imposent. 

Alors pour cette campagne électorale qui démarre avec beaucoup de violence dans les propos de certains candidats, je trouve que nous devrions aller dans la rue ; nous défaire d’opinion politique de droite ou de gauche, et clamer notre besoin de démocratie, clamer notre volonté de respecter tout être humain, de vivre la fraternité, et de respecter la terre.

Le secret de l’espérance c’est le secret de la fraternité ; cette fraternité c’est la réponse au mal absolu comme disait Malraux.

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Trocadéro 17 Octobre 2021

Mesdames, Messieurs, Chers partenaires,

Chers amis,

Merci à vous tous d’être ici présent et à vous qui nous regardez grâce à la retransmission en direct.

Nous sommes ici sur le Parvis des Droits de l’homme et des libertés, au Trocadéro, en cette 34ème journée mondiale du refus de la misère pour honorer les millions de femmes, d’hommes, de jeunes et d’enfants qui ont un quotidien  insupportable.

En cette journée nous posons un acte important en mémoire et en union avec les millions de femmes, d’hommes et d’enfants qui en France et à travers le monde, souffrent de la faim, de l’humiliation, du mépris et de la peur.

Les premiers partenaires du 17 octobre, Journée mondiale du refus de la misère, sont les personnes en situation de pauvreté et de misère à travers le monde, ainsi que celles et ceux qui les rejoignent.

Nous sommes ici pour dire haut et fort, tous ensemble, combien refuser la misère c’est refuser l’inacceptable.

Nous vivons une crise sanitaire et sociale sans précédent depuis un an et demi ; sans précédent en particulier pour les populations les plus pauvres, ce sont elles les plus touchées, ce sont elles qui ont dû vivre confinées dans des conditions indignes à cause d’un logement trop petit, insalubre ; ce sont elles qui ont vu leur pouvoir d’achat baisser avec des hausses de prix insupportables pour leurs très faibles revenus. 

 En cette année où nous aurons des élections présidentielle et législatives toujours très importantes pour notre pays, pour notre démocratie, je veux redire avec force combien les droits fondamentaux, en particulier envers les pus pauvres, sont chaque jour davantage bafoués dans notre pays.

Nous n’accepterons jamais que des millions de personnes vivent dans des conditions indignes, plus de 9 millions vivent sous le seuil de pauvreté dans notre pays.

Nous n’accepterons jamais que les enfants de milieu défavorisés n’aient pas les mêmes chances que les autres de réussir à l’école, de choisir leur orientation et de se bâtir un avenir, 

Les expulsions se font toujours plus nombreuses et plus violentes. Nous n’accepterons jamais que des femmes, des hommes et des enfants soient du jour au lendemain jetés sur les routes avec à peine le temps de récupérer un petit sac d’affaires, le reste étant broyé sous leurs yeux.

Les propos de certains responsables politiques montrent du doigt les plus pauvres : ils seraient des profiteurs, il faut les taxer davantage dit l’un, il faut les surveiller plus encore dit l’autre … en attendant ce sont les plus pauvres qui sont de plus en plus nombreux dans notre pays, ce sont eux qui vivent dans des conditions trop souvent inacceptables. 

Nous ne l’accepterons jamais.

Nous refusons que la construction de logements sociaux soit à la baisse dans notre pays, les responsables préférant mettre les personnes dans des solutions d’hébergement provisoires. Comment vivre quand on ne sait pas de quoi demain sera fait ?

Nous n’acceptons pas que les jeunes de milieu défavorisé soient laissés sur le bord du chemin, oubliés de tous, sans avenir, sans solution …

Nous disons stop aux traitements faits aux migrants à Calais et ailleurs, totalement indignes dans notre pays. A Calais des amis mènent actuellement une grève de la faim, pour dire Stop aux expulsions, au racket et demandent un vrai dialogue, nous les soutenons.

Alors avec vous, avec vous tous, Mouvements, associations, syndicats, élus, citoyens : Cap sur la dignité et droits devant comme le dit notre belle affiche, avec nos amis d’Haïti, de Calais, de Paris et d’ailleurs, 

N’oublions jamais que ceux qui vivent dans la misère sont des acteurs de changement, des acteurs pour la construction du monde, des acteurs trop souvent ignorés.

L’égale dignité de tous est et restera toujours notre boussole.

Chers amis il est temps, il est grand temps de nous unir pour faire respecter les droits de Tous.

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COP26 – Conférences des évêques de France

En vue de la Conférence des évêques de France –  26 Octobre 2021 

Intervention de Marie-Aleth Grard Présidente ATD Quart Monde France

Pour une écologie pensée avec tous… sans oublier les plus pauvres

A ATD Quart Monde (Agir Tous pour la Dignité Quart Monde), nous militons depuis plus de 60ans pour une société qui ne laisse personne de côté ; et nous expérimentons sur le terrain chaque jour avec les personnes les plus pauvres et les acteurs de terrain les possibles pour éradiquer la grande pauvreté. Une société qui avance en laissant de côté plus de 9millions de personnes est une démocratie malade. Notre moteur est l’égale dignité de tous. Ce ne sont pas des paroles : c’est agir, penser, créer et proposer des solutions au quotidien en réfléchissant avec les plus pauvres eux mêmes. Cela demande de revoir notre rapport au temps, notre rapport aux autres ; prendre le temps d’écouter l’autre qui est différent qui a été cassé par des années de grande pauvreté, qui a une pensée, une réflexion juste et profonde à me partager et à partager à la société. Cela demande d’oser ralentir pour faire société ensemble, Tous ensemble. Nous refusons de laisser sur le bord du chemin plus de 9 millions de personnes. 

La justice sociale et la justice environnementale sont des combats indissociables. 

Nous sommes pour une écologie qui ne laisse personne de côté. 

Les personnes vivant dans l’extrême pauvreté et leurs communautés à travers le monde sont les premières et les plus durement touchées par les effets du changement climatique. Mais elles sont les moins responsables de ses causes, et elles ont moins de moyens pour s’en protéger. 

Les personnes pauvres sont exploitées depuis des générations. Leur force de travail est mise au rebut quand elle n’est plus utile. De la même manière, les ressources naturelles sont trop souvent pillées et polluées sans que la responsabilité de les régénérer soit assumée par ceux qui pillent et polluent.

La façon dont on traite les personnes en situation d’extrême pauvreté est cependant beaucoup plus vicieuse que la manière dont on traite la nature. 

En effet, nul ne peut blâmer la nature d’être responsable de sa dégradation. Alors que, trop souvent, les personnes en situation de pauvreté sont accusées de « ne pas vouloir s’en sortir. »

Le changement climatique exacerbe la vulnérabilité des personnes vivant dans la pauvreté. Durant les récents événements climatiques extrêmes (sécheresses, incendies, inondations, ouragans, vagues de chaleur, …) les personnes touchées ont perdu leurs récoltes, leurs terres, leurs maisons, leurs moyens de subsistance, ou leur vie. 

Pour le Mouvement ATD Quart Monde, les sécurités fondamentales et les biens communs qui sont pensés et mis en œuvre avec et à partir des plus pauvres bénéficient à l’ensemble de la collectivité.

Aujourd’hui, nous aimerions réussir à prendre en compte tous les liens entre justice sociale, économique et environnementale, avec et à partir des plus pauvres. Afin de construire des changements bénéfiques à tous.

En ne reconnaissant pas l’intelligence des personnes en situation de pauvreté, les recherches en sciences sociales comme les mouvements militants, les politiques et tous les autres citoyens se privent de contributions indispensables à la compréhension et à la résolution des crises sanitaires, écologiques et économiques auxquelles nous devons faire face.

Nous le voyons avec COVID-19 : nous ne sommes pas égaux devant la pandémie. 

L’épidémie de COVID a provoqué l’accroissement de la pauvreté dans le monde malgré les centaines de milliards de dollars dépensés pour les plans de relance. 

Nous ne le sommes pas plus devant les changements climatiques et la transition écologique. Les personnes en situation de grande pauvreté ont durement vécu le confinement dans des logements souvent trop petits et parfois insalubres. Les limitations de déplacements les ont obligées à se fournir dans des magasins de proximité, beaucoup plus chers. 

Les conséquences des changements climatiques sur la santé et le cadre de vie sont de même accentués pour les catégories plus fragiles.

Cet hiver, pour celles qui ont un toit, la facture de chauffage sera aussi proportionnellement plus élevée que celle des ménages vivant dans des logements mieux isolés, alors que cela va contre l’intérêt collectif social et environnemental. 

Pour certains cet hiver il faudra choisir : se chauffer ou s’éclairer.

Que pouvons-nous faire ? Que faisons-nous ?

S’il était besoin de justifier de la participation des personnes en situation de pauvreté aux combats écologiques, le premier argument serait qu’elles sont les plus impactées par les désordres écologiques, tout en en étant les moins responsables.

Régulièrement, à trois ou quatre reprises depuis plusieurs années nous avons abordé ce thème ou encore celui du développement durable, lors de nos Universités populaires Quart Monde. 

Ces Universités populaires Quart Monde sont des lieux ou ceux qui s’y expriment en premier et en plus grand nombre, sont des personnes qui ont l’expérience de la pauvreté. Elles ont parfois des accents de colère. 

Madame A de Valenciennes : « Je suis très, très en colère. Sur l’écologie vous êtes tous plein de bonne volonté. Vous savez tous comment il faut faire. Vous savez. Tout le monde sait. Et on nous demande à nous encore, les plus lésés, les plus mis de côté, de faire des efforts. On nous parle encore une fois -à nous !- de surconsommation. On n’a déjà rien mais on consomme encore trop. Moi je veux bien acheter des produits qui sont recyclés. Des légumes « bio ». Moi je n’achète pas de lessive qui fait du bien à l’environnement. Je ne peux pas. Tout le monde le ferait si c’était abordable. Pour ça il suffirait de détaxer. Si ça coûte moins cher, on ira le chercher, c’est d’accord. » 

« Ce n’est pas nous qui polluons, ce sont les riches »dit Madame L. « Nous les pauvres…on fait tout mal. Mais en fait ce n’est pas nous qui polluons. Ce sont surtout les riches. Avec leurs grosses voitures, les vacances en avion, leur super-consommation. Je n’ai pas d’auto. On ne prend pas de vacances. On ne mange pas de viande rouge, et les fruits cette année c’est hors de prix… Mais les conséquences de ce qui arrive, c’est pour nous, on les subit par contre. Les logements « passoire », c’est pour nous. Et les charges qui vont avec, c’est pour nous aussi. C’est encore ceux qui ont le moins de moyens qui subissent le plus les conséquences. » 

Monsieur V :« Je vis dans une maison louée. C’est très mal isolé. L’humidité entre : elle décolle la peinture. Si on ne se couvre pas, on tombe malade (asthme, arthrose). Pourtant, les premiers écologistes – je le pense – ce sont les pauvres.  Ce sont eux qui collectent tout ce qui peut être recyclé, le cuivre, l’aluminium et la ferraille. Nous sommes les  premiers recycleurs. Ça remonte à loin. »

Une forte conscience politique a été exprimée par des militants d’ATD Quart Monde ayant une expérience de la grande pauvreté : Ainsi Madame B « L’écologie, c’est aussi prendre soin des gens, ne pas les mettre de côté. Combien de fois avons-nous été rendus coupables alors que ceux qui vivent dans le superflu privent les pauvres de ce qui est nécessaire. Nous devons impliquer les plus pauvres dans tous les projets, comme c’est le cas dans les Territoires Zéro Chômeur de Longue Durée. La protection de l’environnement doit aussi être une lutte pour les personnes, contre la violence, la stigmatisation, l’obligation de vivre dans des logements pourris où il fait froid. Nous devons sortir de ces contradictions. » 

Parfois le quotidien est trop angoissant pour pouvoir consacrer librement son énergie à d’autres tâches que celles de la survie immédiate des siens. Toutes les injonctions à manger plus sainement, adopter des comportements plus écologiques, etc., ne sont reçus que comme des messages culpabilisants. 

Les personnes qui vivent dans la grande pauvreté ne vivent pas seulement dans une « sobriété » imposée. Elles vivent aussi et surtout dans une exclusion insupportable aux multiples dimensions : un isolement social, différentes formes de stigmatisations, de violences, d’accès aux biens et services, dont un grand nombre les empêche d’ailleurs d’aller plus loin dans des comportements écologiques.

« Pour trier, pour faire attention à manger sainement, cultiver des tomates sur son balcon, il faut quand même avoir une liberté d’esprit d’organiser sa vie, explique Madame T. Quand on est tout le temps avec des gens qui décident pour soi, qu’est-ce qu’on doit manger, qu’est-ce qu’on doit dire à son gosse, ça ne peut pas être dans les priorités. On ne choisit pas. »

Quand la situation financière devient trop difficile, les familles confrontées à la pauvreté passent d’une vie sobre à la grande précarité, c’est-à-dire à des privations multiples, excessives, durables et nuisibles pour leur santé physique et mentale.

Plusieurs études le constatent : les ménages européens ayant un faible impact sur l’environnement sont le plus souvent des foyers monoparentaux avec un niveau de revenu faible et dont la personne de référence est économiquement inactive[1].

En France, l’empreinte écologique des 10 % les plus fortunés égale deux fois celle des 10 % les plus pauvres[2].

Il a été montré qu’aux États-Unis, par exemple, les populations confrontées à la pauvreté ont moins de moyens que d’autres pour échapper aux conséquences du changement climatique comme la hausse des températures et la dégradation de la qualité de l’air[3].

Elles vivent plus souvent dans des lieux exposés à la pollution et ont peu de moyens de s’en protéger et de s’en éloigner. Elles sont aussi plus vulnérables[4].

Le réchauffement favorise le développement des maladies respiratoires chroniques, la pauvreté est un déterminant de l’asthme plus important que le fait de vivre en ville ou à la campagne[5].

Lorsqu’un territoire est menacé par une pollution, un désastre naturel (montée des eaux, cyclone…) ou des changements climatiques extrêmes (sécheresse, perturbation des saisons…), les personnes en situation de pauvreté n’ont souvent pas les moyens de quitter ce territoire, qui plus est quand celui-ci constitue leur habitat et lieu de vie. 

Le rapport sur le climat publié par le Conseil des droits de l’Homme des Nations Unies en 2018[6]lance une mise en garde à l’ensemble de la communauté internationale : « le changement climatique menace de défaire les progrès des 50 dernières années (…) en matière de réduction de la pauvreté, mettant l’humanité face à un risque « d’apartheid climatique ». »

Justice sociale et justice environnementale sont ils des combats indissociables ? 

Comme pour un vélo qui a besoin de ses deux roues pour avancer, l’une ne va pas sans l’autre. Elles participent à un même mouvement en faveur d’une société plus juste et sans pauvreté. Où chacun a sa place dans un environnement sain. C’est sur ce thème que nous avions organisé l’année dernière la Journée mondiale du refus de la misère avec comme symbole : le vélo.

Depuis une trentaine d’années, ATD Quart Monde fait le constat, en France et dans d’autres pays, que des politiques environnementales pensées sans les personnes en grande précarité se retournent souvent contre elles, et accentuent sensiblement les inégalités et la pauvreté.

Ce sont ces logements sociaux dont le montant des loyers et des charges ne sont souvent plus accessibles aux plus défavorisés une fois qu’ils ont bénéficié d’une meilleure isolation thermique.

C’est l’augmentation de la taxe carbone en novembre 2018 qui a provoqué le mouvement des Gilets jaunes car elle n’a pas été réfléchie avec tous. La taxe carbone ou « contribution climat-énergie » (CCE), c’est, depuis 2014, plusieurs centimes sur chaque litre d’essence ou de diesel, et plusieurs dizaines d’euros sur une facture annuelle de chauffage (et malheureusement très peu sur le kérosène des avions). 

Quelles priorités ? 

Pour bâtir un monde de justice sociale et environnementale, nous connaissons les priorités. Parmi elles, il faut assurer à tous et toutes un logement décent où chacun a son espace de vie.

Assurer un emploi digne en ces temps de chômage massif qui accroît la pauvreté. 

La transition écologique et le lien social en sont pourvoyeurs comme le montre l’expérimentation Territoires zéro chômeur de longue durée. 

Garantir des services publics de qualité : les plus fragiles sont les premiers touchés par leur défaillance. 

Pour bâtirun avenir durable, respectueux de la planète et ne laissant personne de côté, il est crucial de mettre pleinement en œuvre l’Accord de Paris et toutes les obligations des États. 

L’éradication de la pauvreté étant clairement citée dans l’accord. 

Il est impératif que toutes les mesures prises dans le cadre des programmes d’action nationaux d’adaptation (PANA) élaborés par les parties à l’Accord de Paris tiennent compte de l’amélioration de la qualité de vie des communautés les plus vulnérables, en particulier celles qui vivent dans la grande pauvreté́. 

Le premier bilan mondial qui sera publié en 2023 devra inclure pour chaque pays les émissions des différentes catégories de population (par exemple les 20% les plus pauvres et les 20% les plus riches), les mesures qui améliorent la qualité de vie des personnes vivant dans l’extrême pauvreté et celles qui ont les effets inverses, et aussi les mesures prises pour assurer la participation des personnes vivant dans l’extrême pauvreté. 

S’il était besoin de justifier de la participation des personnes en situation de pauvreté aux combats écologiques, un argument serait aussi que « les cultures populaires sont d’abord des cultures du peu et à ce titre elles inventent des façons de vivre différentes »qui peuvent être utiles à tous et à la planète. 

Lorsque l’on est privé de moyens financiers et matériels décents, on apprend à vivre avec très peu. Monsieur R témoigne : « j’avais tellement peur de me retrouver à la rue qu’il fallait que je dépense peu. Je n’ai jamais eu d’auto, je ne mange rien de mauvais pour la santé, jamais de café. Avec cette peur de me retrouver à la rue, j’ai très peu dépensé et je n’ai quasiment jamais pollué. C’est minime ce que j’ai consommé : juste les vêtements que j’ai sur le dos et que j’ai toujours été chercher à la friperie. Depuis longtemps déjà les pauvres consomment peu et polluent peu. »

Lutter pour les droits de tous et pour la préservation de l’environnement, c’est lutter contre un système qui exploite l’humain et les écosystèmes. 

Cela ne signifie pas non plus qu’il faille attendre nécessairement la sécurité d’un gîte et d’un couvert (et éventuellement d’un emploi, etc.) pour s’intéresser à l’écologie, s’ouvrir à ces connaissances et décider d’agir. 

Les militant.e.s Quart Monde n’attendent pas cela pour s’engager. L’espoir que la vie peut changer, le projet d’un engagement collectif, l’ambition d’être utile avec d’autres, peuvent remettre en route une vie. La volonté d’agir pour protéger la planète peut faire partie de ce moteur.

« C’est aussi ma façon d’agir, d’exister et de me sentir vivante, écrit Madame C, militante ATD Quart Monde, Ça donne du sens à ma vie, d’aider le monde à ma manière, à mon niveau, avec mes fragilités. »

Tous ensemble, nous sommes décidés à agir, à transformer la société en partant de l’expérience et du savoir des plus pauvres.

C’est ce que nous dit Madame E : « Chacun a beaucoup plus de puissance que ce qu’on peut croire. Et si on met sa conscience dans le fait de pas utiliser un coton tige ou de faire un truc qui respecte la nature ou de pas utiliser de sacs plastiques, on transforme le monde. Il faut s’en persuader. Parce que c’est vrai. Et quand c’est tout un groupe qui prend conscience, c’est comme les gouttes d’eau dans l’océan. On a une force beaucoup plus importante qu’on ne croit. Parce que sinon c’est pas possible. Tous ces lobbies ont un tel pouvoir. On est complètement écrasés. Mais je crois en la force de l’invisible. C’est la force de la conscience. On peut entendre la colère, mais ce n’est pas la colère qui va aider ». 

Est-ce que l’on vise à intégrer les populations précaires à des combats écologiques pensés sans elles, ou parle-t-on de les associer à des combats conçus ensemble, sans exclure personne ? C’est là, un énorme enjeu quand on parle de convergence des luttes, de rejoindre des combats ou de créer des partenariats. Sur quelles bases et avec qui les développe-t-on ? Avec quelles priorités et quels modes d’actions ? 

Comment faire pour que ces luttes, ces combats et ces partenariats soient durables et permettent de construire un avenir désirable pour tous ?

Nous entendons parfois dire qu’agir pour l’écologie et contre la pauvreté sont incompatibles et que lorsque des personnes sortent de la pauvreté, cela leur permet de consommer davantage et donc cela peut nuire encore davantage à la planète. Mais justement il est vital de mener de front actions pour le climat et lutte contre la pauvreté.

Nous devons pouvoir éradiquer la pauvreté et aller en même temps vers des moyens de vivre plus sobres.

Il est essentiel d’agir ensemble, pas seulement de réfléchir ensemble. Agir ensemble, faire ensemble c’est comme cela que ferons reculer la peur de l’autre et la peur de l’avenir.

Il est essentiel d’agir ensemble dans les quartiers populaires et les zones rurales reculées, et pas seulement dans les lieux de transition reconnus.

Penser et agir pour l’écologie avec les personnes qui ont l’expérience de la grande pauvreté conduit à la penser de manière différente à certains égards. 

Par exemple, la Convention citoyenne sur le climat a proposé de faire bénéficier les familles en précarité de bons d’achat fléchés vers des produits biologiques. Si la question avait été réfléchie en profondeur avec ces personnes, je ne doute pas un instant que d’autres solutions respectant la volonté de chacun de pouvoir vivre de ses revenus sans être soumis à la dépendance aux dons auraient été discutées.

La crise écologique nous ramène à l’universalité de la condition humaine et nous rappelle combien elle est fragile et vulnérable. Cette expérience de la fragilité partagée face aux conséquences du Covid et plus largement des désordres écologiques serait-elle un moyen privilégié pour ne plus exclure les plus pauvres de notre société et  bâtir ensemble une nouvelle société ?

« Pour les plus pauvres, c’est la survie depuis toujours, disent des membres de l’Université populaire Quart Monde. Aujourd’hui, les autres se rendent compte qu’ils risquent d’y être demain et ils devraient apprendre des plus pauvres. »

Fidèle aux intuitions de Joseph Wresinski, notre fondateur, qui avait lui-même l’expérience de la grande pauvreté, ATD Quart Monde est donc davantage un mouvement « politique » (au sens premier du terme = faire changer la société) et pas seulement un mouvement de lutte contre la misère. Nous portons un projet de société où l’égale dignité de chacune et chacun sera respectée. 

Le premier « bien commun » qu’ATD Quart Monde identifie et protège, c’est l’égale dignité de tous les êtres humains.

C’est-à-dire le fait que chacune et chacun puisse être connu, reconnu, estimé, utile, en lien avec d’autres, non-discriminé, et de manière inconditionnelle, sans avoir à le « mériter » en passant par des épreuves qui reconnaîtraient le mérite de certains et le démérite d’autres. Ce bien commun de l’égale dignité va à l’encontre de l’individualisme prôné par le capitalisme. 

La dignité touche aussi à la reconnaissance de soi par autrui.

C’est aussi cela l’écologie : se voir, être ensemble, cette sorte d’écologie intérieure, gagner moins d’argent, consommer moins d’énergie… Ça rend plus proche des autres.

Prendre soin des humains, c’est prendre soin de la planète.

Pour ce faire le Mouvement International ATD Quart Monde qui sera présent à la COP26, a émisquatre recommandations pour des actions inclusives que je vous résume en 4 phrases : 

1 : Accorder une attention particulière aux 20% les plus pauvres afin de s’assurer que personne ne soit laissé de côté. 

2 : S’attaquer au changement climatique en partenariat avec les personnes en situation de pauvreté. 

3 : S’assurer que les fonds atteignent les plus vulnérables.

4 : Mettre en place des socles de protection sociale dans tous les pays.

Agir tous pour la dignité, comme le proclame ATD Quart Monde, c’est aussi agir pour la préservation de la planète. 


[1]     S. Pye, I. Skinner, N. Meyer-Ohlendorf, A. Leipprand, K. Lucas, R. Salmons, « Addressing the social dimensions of environmental policy –A study on the linkages between environmental and social sustainability in Europe », European Commission Directorate-General « Employment, Social Affairs and Equal Opportunities », 2008.

[2]     A. Boutaud, N. Gondran, L’empreinte écologique des régions françaises en 2008, Étude pour l’association des régions de France et le Nord-Pas-de-Calais. Le multiplicateur est même 2,5 pour R. Haalebos, P. Malliet, « Carbon Consumption Survey », OFCE, Beyond Ratings, 2019.

[3]     National Wildlife Federation, « The Psychological Effects of Global Warming on the United States », 2012.

[4]     S. Hallegatte, M. Bangalore, L. Bonzanigo et al., « Shock Waves. Managing the Impacts of Climate Change on Poverty », Banque Mondiale, 2015.

[5]     C. A. Keet, M. C. McCormack et alii, « Neighborhood poverty, urban residence, race/ethnicity, and asthma: Rethinking the inner-city asthma epidemic », Journal of Allergy and Clinical Immunology, 2015.

[6]www.ohchr.org/Documents/Issues/Poverty/A_HRC_41_39.pdf


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Aide Sociale à l’enfance

Monsieur le Président, Chers Collègues, Cher Antoine,

Si le texte de l’Avis est engagé sur certains points : comme le soutien à la sortie de l’ASE pour les jeunes, et j’en remercie le rapporteur.

Je ne peux que regretter que n’ayons pas eu le temps de traiter avec soin deux sujets d’une telle importance. Il s’agit bien là de l’avenir de milliers de jeunes dans notre pays.

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Orientation des jeunes

Nous le savons l’impact de l’origine sociale sur les performances des élèves est plus fort en France que dans tous les pays de l’OCDE, et nous pouvons sans peine ajouter que l’impact de l’origine sociale sur l’orientation scolaire est également très important.

Les témoignages de parents ayant l’expérience de la grande pauvreté sont nombreux, c’est frappant comme tous racontent la même histoire, le même parcours à l’école. Et pourtant ces adultes ne présentent pas les déficiences, ni les troubles envisagés dans les textes pour les orienter, parfois dès le plus jeune âge, vers des filières spécialisées de notre système scolaire, des filières à part, voir vers des filières du handicap. Ces mêmes adultes travaillent avec des chercheurs, des syndicalistes, des professionnels pour confronter leurs pensées, leurs savoirs et ensembles comprendre ce qui dans notre système scolaire actuel ne permet pas à tous les enfants de développer leur intelligence à égalité dès le plus jeune âge. Ces orientations non choisies, parfois dès la fin de la maternelle, sont graves car elles diminuent ensuite considérablement les possibilités d’intégration dans le milieu professionnel et l’exercice d’une pleine citoyenneté.

Trop souvent encore, l’orientation non choisie casse durablement le jeune, et l’impact sur sa famille est énorme.

Laure et Albert je vous félicite pour ce travail, mais j’ai un grand regret : nous n’avons pas assez pris le temps pour discuter du fond de ce sujet en section. La mise en place de la plateforme nous a mobilisé au point de ne plus avoir de temps pour discuter en section. Trop dommage.

Je bute de ne pas retrouver dans cet Avis des préconisations qui montrent l’importance d’une scolarité commune de tous les enfants, une scolarité qui ne met pas à part certains jeunes parce qu’ils seraient plus lent, plus en difficulté.

L’orientation se joue dès le plus jeune âge et influence une vie toute entière, si certains ont les ressources après un CAP non choisi de s’engager dans une filière de leur choix ils sont très peu nombreux. Ce sont pour tous les autres que je m’inquiète et vraiment je trouve que l’on en parle trop peu dans cet Avis.

J’ai le sentiment que nous n’avons pas eu le temps de réfléchir ensemble à des préconisations pour que ces jeunes là puissent eux aussi vraiment choisir leur orientation.

C’est pour ces raisons que je m’abstiendrai.

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Pour des élèves en meilleure santé !

Pour des élèves en meilleure santé

Monsieur le Président, Chers Collègues,

Vous souvenez-vous de la visite médicale que nous passions à l’école élémentaire ? Elle permettait de dépister des problèmes aux yeux, aux dents, que sais-je encore …

Or, aujourd’hui, des milliers d’enfants qui en auraient tant besoin n’en bénéficient pas, faute de médecins ou d’infirmières !

En Seine-Saint-Denis, le département où la population est la plus pauvre de France métropolitaine, c’est la moitié des postes de médecin scolaire qui ne sont pas pourvus.

À Mayotte, les statistiques montrent que 24 % seulement des élèves âgés de 5‐6 ans ont bénéficié d’un bilan de santé. Le projet d’Avis constate que « l’état sanitaire des élèves est donc, pour une partie de ceux-ci, un frein à leur réussite scolaire».

Globalement, pour les 10 millions d’élèves de l’enseignement public, on ne compte que 1100 médecins scolaires, c’est-à-dire un seul médecin pour plus de 9 000 élèves !

Tous les enfants, bien sûr, pâtissent de cette situation. Mais plus encore les 3 millions issus de familles qui vivent sous le seuil de pauvreté. Et combien plus encore ceux (1, 2 million) qui connaissent avec leurs parents la grande précarité.

Imagine-t-on ce que représente pour des enfants de ne pas faire trois vrais repas par jour, de passer, pour certains, de chambre d’hôtel en chambre d’hôtel, de ne pas avoir les habits appropriés pour le sport, de ne pouvoir consulter un médecin aussi facilement que d’autres ?

« A l’école, nous dit cette enseignante, des enfants viennent le matin le ventre vide et se sentent mal. Lorsque nous faisons des sorties de fin d’année, certains n’ont pas de pique-niques. »

« Il faudrait, nous dit ce médecin scolaire, prendre le temps lors d’une consultation avec un enfant qui vit une situation de grande précarité, pour le mettre en confiance, lui permettre d’exprimer vraiment ses questions. Et ce temps, nous ne l’avons pas ou tellement rarement. »

La santé des enfants, de tous les enfants, est une condition clé de leur réussite à l’école. Dès lors, comment peut-on accepter qu’en 2018, en France, des milliers d’écoliers ne voient jamais un médecin ou une infirmière ? Comment est-il pensable qu’en de nombreux lieux, aussi bien en métropole qu’à Mayotte, des enfants et des enseignants ne puissent bénéficier de sanitaires dignes de ce nom ? Pourquoi manque-t-on de consultations, avec les parents associés comme les premiers éducateurs, où l’on peut dépister, dès le plus jeune âge, les ennuis de santé qui vont contrecarrer une entrée sereine dans les apprentissages ?

Devant la gravité de l’état des lieux présenté par cet Avis, j’aurais vraiment souhaité qu’il soit plus incisif, qu’il aille plus loin dans ses préconisations. Je le voterai toutefois car il représente un premier pas important.

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Publication Freinet

« Tous les parents ont quelque chose à apporter à l’école »

« Qu’au moins nos enfants sachent lire et écrire ! »

C’est par cette phrase qu’un père de famille qui vit la grande pauvreté au quotidien nous a exprimé ce qu’est pour lui « Une école de la réussite pour tous ».

Nous démarrions alors un travail avec des chercheurs, des enseignants, des acteurs de quartier, des parents solidaires (parents ne vivant pas dans la pauvreté et qui respectent la carte scolaire, ils sont solidaires de tous les autres parents) et des parents ayant l’expérience de la grande pauvreté sur une école de la réussite pour tous.

Ce travail consistait à travailler sur des auditions faites au CESE (Conseil économique social et environnemental – troisième assemblée de notre République, assemblée consultative où siège 233 conseillers représentants la société civile) en section éducation.

En effet représentante d’ATD Quart Monde au CESE, j’ai proposé à mes collègues de la section éducation (30 personnes issues de la société civile – syndicats, artisan, agriculteur, etc …) après avoir travaillé sur les inégalités à l’école et la loi de refondation de l’école de la République, de faire une sorte de point d’étape de cette loi en allant un peu partout en France à la rencontre des écoles et des collèges où la réussite de tous est déjà en marche.

Qu’est ce que la réussite de tous pour nous, pour ce travail ? C’est lorsqu’un élève arrive à la fin du collège, acquière le socle commun de connaissances, de compétences et de culture et qu’il choisit son orientation.

Nous nous sommes donc lancés dans un travail de collecte, d’écoute, de rencontres de ces lieux et des enseignants, des chercheurs, inspecteurs, parents et élèves. Une façon de travailler toute nouvelle pour cet Avis du CESE ; d’une part Jean-Paul Delahaye, inspecteur général de l’éducation nationale (ancien DGESCO) avait reçu mission de la ministre de travailler sur « Grande pauvreté et réussite scolaire » en lien étroit avec la rapporteure du CESE qui travaillerait sur Une école de la réussite pour tous. Ce que nous avons fait pendant un an : Jean-Paul Delahaye a siégé au CESE à la section éducation, je l’ai accompagné dans toutes ses auditions au ministère et dans 8 académies et ensemble nous avons présenté nos travaux le 12 Mai 2015 au CESE.

(http://www.lecese.fr/content/une-cole-de-la-r-ussite-pour-tous-s-ance-du-12-mai-2015)

Et puis le Président de la section éducation a accepté qu’en parallèle des travaux de cette section je puisse mettre en place un groupe nommé le « groupe Croisement » (en référence au Croisement des savoirs mis au point par ATD Quart Monde https://www.atd-quartmonde.fr/sengager/dans-votre-milieu-professionnel/croisementdessavoirs/) composé de 5 chercheurs, 5 enseignants, 5 acteurs de quartier, 5 parents solidaires et 10 parents qui ont l’expérience au quotidien de la grande pauvreté. Ce groupe a travaillé en Croisement des savoirs, donc par groupe de pairs pour chaque sujet, puis tous ensemble nous croisons nos savoirs en prenant le temps d’écouter et de comprendre chacun. Ce groupe est venu assister avec les conseillers du CESE à une journée d’audition à Mons en Baroeul pour entendre les enseignants (Freinet) d’une école, l’équipe de chercheurs de Lille 3 menée par Yves Reuter qui suit cette école depuis 10ans, et une expérimentation dans un quartier de Lille pour associer les parents à la réussite de leurs enfants. Puis ce groupe a travaillé sur les auditions faites en section au CESE (Chercheurs, Inspectrice générale V Bouysse, enseignants de l’élémentaire et de collège, élèves, parents d’élèves) lors de deux journées intenses afin de venir présenter 6 sujets aux conseillers du CESE.

Durant ces trois réunions au CESE, membres de la section éducation et membres du groupe Croisement, nous avons travaillé en croisant nos savoirs, nos expériences, nos pensées, nos réactions. A chacune de ces réunions, deux sujets étaient présentés par des membres du groupe Croisement aux membres de la section, puis nous avions un temps de réactions, d’échanges par petits groupes, enfin une écoute de tous les points de vue. Voici l’une des présentations parlant de la confiance à instaurer :

«Tous les parents, même les parents éloignés de l’école veulent la réussite de leurs enfants.  Tous les parents ont quelque chose à apporter à l’école.

Mais comment instaurer la confiance entre élèves, parents et enseignants ? Ça peut tenir à de petites choses, comme confier à chaque élève une responsabilité, donner le droit à l’erreur, laisser un peu le temps d’y arriver, écouter, … Bien sûr c’est dur pour les enseignants de faire confiance à tous les élèves, à tous les parents, parce que c’est prendre un risque auquel ils n’ont pas été formé. Mais c’est dur aussi pour les parents parce qu’ils peuvent avoir très peur. Au fond accepter ou même envisager de faire confiance à l’autre qu’il soit élève, parent ou enseignant c’est aussi à la fin gagner en confiance en soi, ce n’est pas un cercle infernal mais c’est plutôt un cercle vertueux. »

Ces travaux ne furent faciles ni pour le groupe Croisement ni pour la section. Il nous a fallu dépasser nos a priori, dépasser nos jugements trop hâtifs, accepter de changer nos méthodes de travail, de réflexion. Ainsi un collègue m’a partagé « On parle souvent de la pédagogie de la coopération, mais la pratiquer c’est autre chose ! »

Ces trois réunions de section avec le groupe Croisement ont fait émerger des propositions, des préconisations communes.

Ce travail a permis de réaliser à quel point les enfants de milieu très défavorisé sont trop souvent orientés dès le plus jeune âge vers des filières spécialisées, voir les filières du handicap, ne leur laissant que très peu de possibilités de développer leur intelligence à égalité des autres élèves.

Il ne s’agit pas d’accuser les enseignants ou les professionnels de l’orientation, il nous semble essentiel dans la suite de ce travail (que je continue de présenter partout en France http://www.lecese.fr/sites/default/files/pdf/Avis/2015/2015_13_ecole_reussite.pdf ) de comprendre pourquoi et comment les enfants de milieu très défavorisé peuvent réussir à l’école.

Il nous faut mesurer et comprendre l’échec causé par l’orientation vers les circuits de l’ASH qui ne permettent pas à ces enfants/jeunes de se construire un avenir à égale dignité des autres.

Pour cela nous auditionnons des professionnels, des parents, et avec nos partenaires de longue date (syndicats, mouvements pédagogiques, parents d’élèves), l’éducation nationale (rectorats de Créteil, Nancy et Rennes, et la DGESCO) et les parents qui vivent la grande pauvreté au quotidien ; nous allons travailler dans les mois à venir afin de mieux comprendre et nous le souhaitons enfin effacer cette fatalité de l’échec scolaire liée à la grande précarité.

Si vous souhaitez témoigner, participer à ces travaux, n’hésitez pas à nous contacter. alethgrard@gmail.com

Marie-Aleth Grard vice présidente ATD Quart Monde

Conseillère au CESE (Conseil économique social et environnemental) au nom d’ATD Quart Monde dans les sections éducation, culture, communication et Affaires sociales, santé.

Rapporteure de l’Avis « Une école de la réussite pour tous » au CESE en Mai 2015

http://www.lecese.fr/sites/default/files/pdf/Avis/2015/2015_13_ecole_reussite.pdf

 

 

 

 

 

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Education et Devenir

Article éducation et devenir Août 2016

Cahier : les parents, la famille, l’élève et l’école

 Résumé

Notre système scolaire est terriblement inégalitaire en particulier pour les enfants issus de milieu défavorisé. Tous les parents veulent la réussite de leurs enfants à l’école, certains détiennent les clés qui vont permettre à leurs enfants de développer leur intelligence à égalité des autres, voir plus rapidement ; d’autres parents (ceux qui ont une vie particulièrement difficile, qui vivent dans la pauvreté ou la grande pauvreté) ne détiennent pas ces clés. La réussite de tous les enfants à l’école dépend aussi de chacun de nous à travers des actions collectives, de soutien, de découverte, …

La réussite de TOUS les enfants à l’école dépend aussi de chacun de nous

 Depuis plus de trente ans je suis alliée (membre actif n’ayant pas connu la misère) d’ATD Quart Monde (Agir Tous pour la Dignité Quart Monde) et j’ai de ce fait le privilège de cheminer aux côtés de familles qui vivent au quotidien dans la grande pauvreté. Ces parents, dont le quotidien est si difficile, trop souvent insupportable, m’ont fait changer de regard et comprendre combien la réussite de tous les enfants à l’école dépend aussi de chacun de nous.

Je peux témoigner que la première préoccupation de ces parents pour leurs enfants : « C’est que nos enfants se bâtissent un avenir meilleur que le nôtre, et pour ça il faut qu’ils réussissent à l’école. »

Comme le rappellent les études de l’OCDE et bien d’autres, notre système scolaire est terriblement inégalitaire, en particulier pour les enfants issus de familles défavorisées. La DEPP (direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance de l’Education nationale) a publié nombre de statistiques renforçant ces constats. Ainsi selon la DEPP les enfants de milieu défavorisé sont majoritairement dès le plus jeune âge orientés vers les filières spécialisées voir les filières du handicap ; je me permets d’ajouter que ces orientations non choisies ne leur permettent que trop rarement de développer leur intelligence à égalité des autres enfants/jeunes. (cf Avis du CESE Une école de la réussite pour tous 12 Mai 2015 http://www.lecese.fr/sites/default/files/pdf/Avis/2015/2015_13_ecole_reussite.pdf ). Les enfants qui vivent dans la pauvreté sont actuellement 3 millions dans notre système scolaire et 1,2 millions vivent dans la très grande pauvreté (grande pauvreté = précarité extrême, vivre avec des problèmes de logement, très souvent de santé, très peu de moyens moins de 500 euros/mois pour un adulte).

« Tous les parents, même les parents éloignés de l’école, veulent la réussite de leurs enfants. 

Tous les parents ont quelque chose à apporter à l’école. »

 Je souhaite vous partager ici le témoignage de Florence, une femme qui a vécu dans la grande pauvreté et qui vient de nous quitter prématurément à 48ans.

« Je suis parent de 4 enfants. J’ai deux filles qui sont déjà majeures, j’en ai une au Lycée et mon dernier est au collège en quatrième. J’ai aussi une petite fille qui va rentrer au CP en septembre.
Pour moi, la scolarité de mes enfants fait partie de moi ! J’accorde une grande importance à leur réussite et à leur avenir.

J’ai eu l’opportunité, il y a quelques années, de pouvoir me présenter en tant que parent délégué en primaire, lorsque mon fils était en CE1. Pour moi ce fut une joie d’entendre, d’écouter, de parler, de partager autour de la relation entre les parents, l’école et les élèves.
J’ai même pu proposer une idée qui a été retenue et mise en place : J’avais pu constater que beaucoup d’enfants de l’école primaire se rendaient seuls à l’école. […] Mon idée de départ a été enrichie par d’autres propositions venant des autres. Et tout cela a abouti à la mise en place du pédibus qui répondait au problème de sécurité des enfants et par la même occasion incitait les enfants à être plus présents à l’école. Le projet, au final, a pu se réaliser et j’en suis très fière !

Pendant les réunions, en revanche, je ne me sentais pas forcément très à l’aise. Je ne prenais pas toujours la parole. Pendant les temps de pause-café, les parents (mamans) délégués parlaient souvent entre elles mais je ne me sentais pas intégrée dans le groupe. Elles avaient toutes des professions avec des postes à responsabilité alors que moi j’étais à la recherche d’un emploi.

Je n’avais pas le même langage. Quand j’utilisais des mots, quand je cherchais mes mots et quand je demandais la signification de certains mots utilisés, il y a des regards qui m’ont blessée.
J’avais un peu l’impression d’être le « cas social » du groupe. J’avais l’impression de sentir un fort décalage entre elles et moi. […]

Et puis, à cette époque j’avais peur du jugement, je ne me sentais pas à l’aise pour aller vers elles. Et elles, elles ne faisaient pas attention à moi. Je n’arrivais pas à trouver ma place. Place qu’on n’a pas trop voulu me faire non plus. […]
Ça aurait été sympa de prendre un temps d’accueil en début d’année pour faire plus connaissance […] Cela aurait peut-être permis de faire tomber les préjugés parfois hâtifs que l’on peut avoir les uns sur les autres. […]

Aujourd’hui les choses ont changé. Je ne suis plus déléguée de parents mais j’ai pu rejoindre le « groupe école » d’ATD Quart Monde qui m’a donné le courage de mon acharnement pour que mes enfants puissent avoir la chance de réussir et d’être scolarisés.
J’ai pu parler avec d’autres : des parents, des enseignantes de ce qui se passait à l’école de mes enfants, j’ai pu avoir des réponses à de nombreuses questions que je me posais. Nous réfléchissons ensemble sur l’école.

Aujourd’hui, je n‘ai plus peur de parler. Je vais très souvent voir les autres parents du collège ou du lycée de mes enfants et je leur parle. De même s’il y a un souci avec un de mes enfants, je n’hésite plus à aller voir le professeur et le lui en parler. J’ai parfois dû me battre pour être écoutée. Je me défends et je fais valoir mes droits aussi, lorsque c’est nécessaire.

Pour moi en tant que maman je mène ce combat : « Que tous les enfants aient le droit d’être scolarisés et dans de bonnes conditions. ».
Je le mène pour mes propres enfants, mais aussi pour ceux des autres.
Car leur avenir dépendra de leur scolarité. »

ATD Quart Monde mène depuis près de 60 ans le combat politique (au sens premier du terme, au sens de changer la société afin que les plus pauvres puissent vraiment prendre part aux réflexions et aux décisions) d’éradiquer la misère en France et partout dans le monde, de faire que l’égale dignité des êtres humains soit vraiment réalité pour tous. Nous en sommes convaincus rien ne pourra changer dans notre société, tant que l’expérience, les savoirs et les pensées des personnes qui vivent au quotidien dans la grande pauvreté ne seront pas pris en compte. C’est pourquoi nous menons ce combat à partir de l’expérience des personnes qui vivent dans la grande pauvreté et sur le terrain en expérimentant par des « projets pilotes » dans les domaines des droits fondamentaux, dont celui de l’éducation.

Je souhaite vous présenter ici trois projets menés sur plusieurs années avec des familles ayant l’expérience de la grande pauvreté, des enseignants, des acteurs de quartier et des parents solidaires (parents ne vivant pas dans la pauvreté et qui respectent la carte scolaire, ils sont solidaires de tous les autres parents).

Espace parents et Outil de formation

Ainsi à Maurepas (un quartier de Rennes) durant plusieurs années enseignants, parents d’élèves FCPE, membres de l’éducation nationale, parents ayant l’expérience de la grande pauvreté et volontaires permanents d’ATD Quart Monde ont expérimenté ce que veut dire « En associant leurs parents tous les enfants peuvent réussir ». Pendant de longs mois ils ont pris le temps de la participation de chacune et chacun par groupes de pairs. Les groupes de pairs sont des groupes où chacun se retrouve avec ses pairs, ainsi les enseignants travaillent entre eux, les parents qui ont l’expérience de la grande pauvreté entre eux, et ainsi pour chaque groupe ; ces temps par groupe de pairs sont essentiels pour libérer la parole et poser les choses pour chacun. Dans chaque groupe de pairs ils ont mis sur la table les questions que l’école leur pose afin de pouvoir vraiment accueillir tous les enfants et tous les parents à égalité les uns des autres, et ce qui de ce fait permettra à tous les enfants de réussir, de développer leur intelligence à égalité les uns des autres. Ce ne fut pas facile, il a fallu du temps, de la patience, de l’écoute, une ferme volonté de mener à terme ce projet et la ténacité de croire en la réussite de tous les enfants. Avec le soutien de professionnels, ils ont petit à petit partagé, croisé leurs savoirs, leurs expériences pour ensemble bâtir les fondements d’un lieu et de temps qui permettent vraiment d’accueillir tous les parents dans une école, dans le respect et l’égalité de chacun. C’est ainsi qu’est né « l’espace parents » animé par un professionnel extérieur de l’école quelques heures par semaine. Ce lieu doit permettre à tous les parents de se sentir accueilli, écouté, et de dialoguer les uns avec les autres.

Ces années de travaux par groupe de pairs, puis communs aux différents groupes, a également permis de faire émerger avec l’aide de Canopé Rennes un outil de formation pour les enseignants, les acteurs de l’école et les parents d’élèves désireux de mieux connaître et comprendre ce que vivent les parents dits « les plus éloignés de l’école » qui vivent un quotidien trop souvent bien difficile. Voici cet outil « Familles, école grande pauvreté. Quand parents et enseignants s’en mêlent » (http://crdp2.ac-rennes.fr/blogs/familles-ecole-grande-pauvrete/

me demander le code d’utilisation à alethgrard@gmail.com ). L’utilisation de cet outil est une formidable occasion de mieux se connaître, de mieux se comprendre, d’organiser des temps de formation communs ou non, des temps d’échanges autour des vidéos qui sont proposées ainsi que des textes.

Une concertation permanente : un dialogue entre professionnels, familles très pauvres et acteurs associatifs à Lille / Fives

 A Fives, un quartier de Lille, des permanents d’ATD Quart Monde réfléchissent avec des professionnels (animateurs de quartier, enseignants, …), des parents qui vivent la grande pauvreté au quotidien et les enfants, afin d’améliorer les liens école/famille et permettre la réussite de tous les enfants. Le dialogue entre tous les acteurs, parents, professionnels et enfants, est indispensable à la réussite de TOUS les enfants. Ce dialogue est rendu possible par des projets communs, par la création d’espaces où les parents sont attendus. Il nous faut donner à tous les enfants la possibilité de coopérer, de travailler et de créer ensemble.

A Fives, nous développons un projet transversal école/familles/quartier à travers les campagnes sur les droits de l’enfant :

Pour la septième année consécutive, le Mouvement ATD Quart Monde, avec un collectif, a animé dans le quartier de Fives une grande campagne autour de la date anniversaire de la Convention internationale des droits de l’enfant.

Il s’agit de :

  • sensibiliser des enfants dans des classes, des associations, des familles ;
  • créer des ponts entre familles-école-quartier ;
  • permettre la réflexion des enfants sur un thème, toujours en lien avec le vivre ensemble sans exclusion ;
  • associer des parents à une action au sein de l’école ;
  • faciliter l’expression de tous ;
  • donner l’occasion aux enfants de se faire entendre des adultes lors d’un événement festif.

Nous donnons la parole aux parents dans des actions à la sortie des écoles : les petits mots / expression des parents.

Depuis 2012, nous questionnons devant deux écoles élémentaires de Fives, les parents sur des thèmes divers liés à la scolarité, à l’accueil, au lien entre famille et école…

A l’école Lakanal, ce temps des « petits mots du mardi » s’est mis en place avec la médiatrice familles-école (du club de prévention Itinéraires) et quelques parents, tous les 15 jours, à 16h30, dans la cour de récréation.

A l’école Berthelot, ce temps a lieu tous les 15 jours aussi à 16h30 et 17h30 (après l’heure d’étude), pour toucher le maximum de parents.

Sur un panneau préparé avec quelques parents, nous invitons chacun à s’exprimer sur ce qui lui semble important.

Ces idées collectées sont ensuite repartagées à l’équipe pédagogique de l’école pour une meilleure prise en compte de l’avis des parents et une meilleure relation familles-école.

« Comprendre et agir avec l’école pour les enfants »


Une formation-action à destination des parents de l’école Langevin de Cronenbourg

A Cronenbourg, un quartier de Strasbourg, avec l’association des Francas du Bas-Rhin et l’équipe d’ATD Quart Monde locale nous avons proposé des rencontres aux parents de l’école durant toute l’année scolaire 2015/2016, avec deux objectifs : Une meilleure compréhension du système éducatif, et Comment être acteur, s’impliquer dans l’école de son enfant.

Cette école est située dans un quartier populaire de Strasbourg et accueille des enfants d’origines socioculturelles diverses.
Il y a eu en tout 4 rencontres durant l’année scolaire et d’une séance à l’autre entre 5 et 15 parents ont été accueilli à chaque rencontre. 
Le premier objectif était de permettre aux parents de mieux comprendre l’école de leur enfant et d’y apporter de la lisibilité.

A la demande des parents et durant plusieurs séances nous avons pu expliquer aux parents : Qui étaient les différents acteurs de l’école et quel était le rôle de chacun, Les cycles des apprentissages et le socle commun, et Présenter le projet d’école.

Mais nous avons également réfléchi avec eux, comment ils pouvaient s’impliquer davantage dans l’école. Deux idées sont rapidement apparues : monter un projet commun avec les parents, les enseignants et les enfants mais également des échanges ont eu lieu autour de la question de la participation des parents aux sorties scolaires : Comment les parents pourraient donner envie à d’autres parents de participer à des sorties scolaires ? 
L’idée a germé de faire un montage vidéo où serait interviewé à la fois des parents, des enfants et des enseignants.
Nous avons donc apporté tout le matériel nécessaire et les mamans se sont mises derrière la caméra pour se filmer entre elles, filmer les enfants et une enseignante de l’école. 
Chacun a pu témoigner avec ses propres mots, de ce que cela lui apportait d’accompagner les sorties : le plaisir, la découverte de lieux inconnus, voir son enfant ainsi que l’enseignant dans un autre cadre…, les enfants de la joie et la fierté d’avoir avec eux les parents et l’enseignante de la nécessité d’être accompagné.
Le montage final a été présenté aux personnes qui ont participé à la vidéo. 
Celle-ci sera un outil qui sera utilisé aux réunions de rentrée scolaire mais aussi aux différentes réunions qui ont lieu pendant l’année suivante.

Se connaître pour mieux se comprendre et souhaiter avancer ensemble vers cette école de la réussite de tous qui permettra à tous les jeunes de notre pays de se bâtir un avenir à égale dignité les uns des autres, c’est sans doute l’une des conclusions que l’on peut faire de ces quelques travaux. La découverte et l’utilisation de l’outil de formation de Canopé Rennes se répand un peu plus chaque jour, alors à vous ! N’hésitez pas à nous contacter.

Marie-Aleth Grard vice présidente ATD Quart Monde

Conseillère au CESE (Conseil économique social et environnemental) au nom d’ATD Quart Monde dans les sections éducation, culture, communication et Affaires sociales, santé.

Rapporteure de l’Avis « Une école de la réussite pour tous » au CESE en Mai 2015

http://www.lecese.fr/sites/default/files/pdf/Avis/2015/2015_13_ecole_reussite.pdf

alethgrard@gmail.com                                 @AlethGrard    Blog : http://www.atd-quartmonde.fr/magrar

 

 

 Article référence Lille Fives

Lilles Fives Article de la Revue Quart Monde n° 216 http://www.editionsquartmonde.org/rqm/document.php?id=5058

 

 

 

 

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