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Ici, ce sont les élèves qui enseignent

« Il n’y a rien à attendre des élèves décrocheurs. »
FAUX !

Pascal Jourdren est professeur d’électrotechnique en 3e prépa-professionnelle au lycée Saint-Joseph de Lorient. Quand ils arrivent ici, les élèves sont en rejet de l’école. Ensemble, ils ont trouvé un moyen original de se remotiver.

« Je ne connais pas d’élèves qui quittent l’école par plaisir ou simple désintérêt, explique Pascal Jourdren. Mes élèves ont des niveaux très différents. Certains sont en échec depuis le primaire et ont une image d’eux-mêmes très dégradée. Quelques-uns avaient d’ailleurs quitté le collège. Beaucoup veulent travailler et gagner leur vie le plus tôt possible. Notre but est de les aider à trouver leur voie. »
En 3e prépa pro, les élèves doivent valider les compétences du brevet informatique et internet (B2i). Mais faire de l’informatique juste pour évaluer des connaissances n’est pas très motivant pour des jeunes qui ont soif de concret. « Lorsque nous avons fait un tour de table afin de trouver un projet que nous pourrions mettre en œuvre autour du B2i, continue Pascal Jourdren, l’un d’eux a dit : « J’aide mes grands-parents à faire de l’informatique. » Le projet est né comme ça. »
Quoi de plus motivant qu’être utiles aux autres, surtout quand on a été souvent catalogués dans les « moins bons » ? « Nous avons publié une petite annonce dans le journal local proposant un atelier informatique aux personnes retraitées et nous avons reçu en un mois 170 demandes ! Cela concernait la retouche photo, l’envoi de mails, la commande de courses par Internet, l’utilisation des réseaux sociaux, etc. Nous avons démarré l’atelier il y a deux ans, deux heures par semaine, pendant les heures de découverte professionnelle. »
Le lundi après-midi, pendant que certains élèves découvrent les métiers de la restauration ou du bâtiment, d’autres deviennent professeurs. Les séances se déroulent sur un rythme de quatre lundis, 7 seniors pour 7 jeunes, en binômes.
« Les jeunes sont à l’école, mais ils n’ont pas l’impression d’y être, constate Pascal Jourdren. L’atelier les renforce dans l’idée qu’ils peuvent apprendre à d’autres. Ils prennent peu à peu confiance, se mettent à aller vers les autres. Les personnes retraitées et les jeunes abandonnent les a priori qu’ils ont les uns sur les autres. Ils se découvrent des passions communes autour de la musique, de la photographie, de la voile, etc. En général, tout le monde se tutoie après la première séance. »
Les élèves ne sont pas obligés d’animer cet atelier qui repose sur la base du volontariat. Mais ils sont motivés et pratiquement tous y passent dans l’année. Le but est atteint : l’atelier est devenu un moyen utile et concret de mettre en œuvre les compétences du B2i. Et tous l’obtiennent !
JCS
→ Des initiatives semblables existent ailleurs. Voir par exemple à Brest : www.intergenerations.infini.fr