Initiatives pour le logement pour tous

Je redécouvre la France imprégné de ces sept dernières années vécues en Bolivie, un pays de contraste qui s’étale entre le haut plateau andin aride et les terres basses d’Amazonie à la végétation luxuriante. Un pays où 36 peuples aux différentes langues, traditions et cultures cohabitent. Un pays en pleine transformation depuis l’arrivée au pouvoir en 2005 du premier président indigène de son histoire.
Un concept largement répandu à l’heure actuelle dans la société bolivienne est celui de la décolonisation. Emma Poma, militante de l’Université populaire Quart Monde de Bolivie nous aide à comprendre de quelle décolonisation il s’agit. « Je prend conscience, dit-elle, que derrière chaque personne, il y a un monde et qu’il est bien difficile de connaître la réalité de chacun. Beaucoup de personnes ne parviennent pas à s’exprimer et à dire ce qui leur arrive par peur qu’on se moque d’elles, qu’on ne les écoute pas, ou pour d’autres raisons. Elles s’enferment et c’est très dur. Il faut faire savoir qu’il y a encore beaucoup d’injustices. Connaître d’autres personnes et d’autres expériences fait réfléchir, nous vivons des choses similaires et cela nous donne de la force pour faire valoir nos droits et notre dignité d’être humain. Si on ne connaît pas l’autre, on ne valorise ni ce qu’il est, ni ce qu’il fait. »
De retour en France, je constate ce même refus des personnes en situation de pauvreté de se laisser définir par d’autres et de se laisser enfermer dans la disqualification. « J’écris, nous dit une femme de Lille, parce que je ne suis pas ce qu’on dit de moi. » Le succès de la diffusion du livre sur les idées fausses concernant les pauvres et la pauvreté démontre qu’également des courants de société s’indignent de ces préjugés oppresseurs et résistent. La décolonisation des esprits est en marche !
Un autre concept important de la culture indigène bolivienne est le « Vivre bien », de préférence au « Vivre mieux » des sociétés de consommation. Nous entamons la pause estivale et nous savons malheureusement qu’un très grand nombre de familles ne pourront pas partir en vacances. Elles n’en aspirent pas moins à « vivre bien » cet été. Comment allons nous créer la fête et la rencontre dans nos quartiers et sur nos lieux de vacances ? Comment faire pour ne laisser personne de côté et permettre à ces vacances d’être un temps d’enrichissement mutuel, de découverte, d’émerveillement, de détente et d’apaisement pour tous ?

Christophe Géroudet, Délégué national du mouvement ATD Quart Monde en France